age | effectif | pourcentage |
---|---|---|
30-35 | 7 | 39% |
36-40 | 3 | 17% |
31-45 | 3 | 17% |
50-65 | 3 | 17% |
70 ans | 2 | 11% |
Total | 18 | 100% |
Les prêtres qui ont répondu à notre questionnaire ont entre 30 et 70 ans.
Il y a donc, en terme d'âge, une importante hétérogénéité.
Le nombre des répondants est inversement proportionnel à l'augmentation de leur âge.
En effet, 7 d'entre eux ont entre 30 et 35 ans contre 2 pour les catégories 50-65 et 70 ans.
Nous avons donc affaire à un échantillon relativement jeune : 56% a moins de 40 ans.
Ce n'est pas représentatif car, dans le diocèse de Lille, la majorité des prêtres est âgée de plus de 65 ans.
Il faut rappeler que la diffusion du questionnaire s'est faite via internet.
Il nous est donc permis de penser que l'age de notre population est plus significatif de celui des prêtres internautes que de celui des officiants.
En effet les plus jeunes générations maîtrisent mieux cet outil.
Ils ont ainsi moins de réticence à répondre sur des sujets privés.
Notons l'existence de disparités : il n'y a aucune réponse de prêtre entre 45 et
27% des mères exercent un métier à haut capital culturel (profession de l'enseignement et professions intellectuelles supérieur).
Ajoutons que 50% d'entres eux pratiquent une activité professionnelle qui nécessite un niveau d'étude hautement qualifié. Remarquons que les plus qualifiés des hommes ont majoritairement épousés des femmes devenues mères au foyer à 28% de notre effectif. Pour le reste, il transparaît une certaine homogamie sociale.
loisirs pratiqué | |||
---|---|---|---|
port d'un signe extérieur d'appartenance à l'église? | oui | non | Total |
oui tout le temps | 10 | 1 | 11 |
oui mais pas tout le temps | 1 | 1 | 2 |
Non, uniquement pendant les Offices | 4 | 4 | |
Non jamais | 1 | 1 | |
Total | 16 | 2 | 18 |
Clé de lecture : Sur 4 prêtres qui portent des signes vestimentaires uniquement pendant les Offices, tous pratiquent un loisir.
Une grosse majorité (16 sur 18 prêtres) des individus étudiés pratique un loisir.
De même, ils sont 11 sur 18 à porter tout le temps un signe vestimentaire les identifiants comme hommes d'église.
Dans ce tableau, le plus important nous semble être que sur les 11 personnes portant toujours un signe d'appartenance à l'église, la quasi-totalité pratique un loisir.
Il y a donc ici une interférence de la vie professionnelle sur la vie privée. Cela relève d'une volonté du prêtre : il pourrait ne pas s'afficher comme prêtre dans ses loisirs, afin de bien dissocier leurs vie privée de leur vie publique.
Ce n'est apparemment pas le cas.
Comment lire les réponses ?
tout à fait d'accord | ++ | |
plutôt d'accord | + | |
plutôt pas d'accord | - | |
pas du tout d'accord | -- |
Notre question de départ été : quelle place la forte identité véhiculée par la profession du prêtre laisse-t-elle à leur vie privée ?
Nous cherchons maintenant à proposer des pistes d'analyse de réponses.
Nous avions construit deux hypothèses.
La première se rattache à la dimension vie professionnelle. Il s'agit de tester l'existence d'une forte identité professionnelle chez les prêtres.
Evaluons maintenant la validité des indicateurs se rattachant à cette dimension.
Les prêtres ont tous de nombreuses réunions à l'intérieur même de leur métier. Dans l'analyse du tri à plat sur l'importance professionnelle de ces réunions, nous avons pu observer une forte identité de groupe. Les prêtres sont donc un corps de métier doté d'une forte cohésion. L'existence du groupe est renforcée par un mouvement en faveur d'une reconnaissance de leur génitalité, ce malgré l'idéal de l'Eglise (rigueur du célibat, disponibilité totale aux autres).
Le port d'un signe vestimentaire distinctif d'appartenance à l'église indique une forte identité professionnelle. Dans notre exercice de tris croisés, nous avons mis en évidence le fait que les prêtres revendiquaient leur choix de vie, même dans la pratique de leurs loisirs. Or, cet usage illustre une juxtaposition et même un empiètement de l'identité professionnelle dans un contexte privé. Néanmoins cela relève d'une volonté personnelle.
Concernant le temps de travail journalier, les prêtres témoignent d'une certaine difficulté à le circonscrire. Cependant peu n'ont pas répondu (un seul), et il a été possible de créer des catégories. C'est pourquoi la distinction vie privée, vie professionnelle est faite. Nous pouvons donc affirmer que les prêtres opèrent, même sans en avoir conscience, une dichotomie entre la sphère privée et leur métier.
Notre indicateur : " buts de la profession " transparaît dans la question des motivations d'entrée dans la profession d'église. Nous nous sommes aperçu en évaluant les réponses que le don de soi et l'épanouissement personnel présentaient une récurrence statistique. Ces deux catégories antinomiques sont le témoignage de la subjectivité des acteurs : Pour entrer dans la prêtrise, ils se donnent des raisons faisant appel à la sphère privée. Cependant, le don de soi fait appel à une restriction de l'intimité, restriction qui est inhérente au choix de devenir prêtre.
La seconde hypothèse concerne la vie privée : le prêtre existe comme homme, ainsi
que comme homme d'église.
Au niveau des loisirs, la pratique sportive s'est avérée être un indicateur pertinent quant à notre question de départ. En effet, nous avons pu remarquer que l'exercice d'un sport individuel pouvait signifier un besoin de solitude et le rejet d'une certaine idée de l'église (celle d'une grande famille cf. tri croisé). A l'inverse, les sports collectifs impliquent une adéquation à l'idéal que propose l'institution de l'Eglise. Pour résumer, nous pouvons dire que la pratique individuelle du sport a révélé un besoin de vie privé, de solitude.
Une variable essentielle de la vie privée demeure la vie sexuelle. Bien qu'elle soit dirigée et orientée par la foi, elle reste présente. Nous avons pu le constater dans notre questionnaire car aucun prêtre ne condamne totalement l'action des associations en faveur d'une reconnaissance de la génitalité des prêtres. Il y a donc bien une demande de reconnaissance de leur vie sexuelle. Cette idée valide notre question de départ. En plus elle nous permet d'affirmer qu'il y a interaction entre le métier et l'intimité, et que la profession, malgré sa légitimité historique sociale, n'a pas toujours le dernier mot.
La télévision (variable que nous avons analysé en tri croisé) rend compte, à la fois de l'indicateur " rapport à l'actualité " et des pratiques culturelles. Nous avons montré précédemment que la télévision était surtout un outil fonctionnel. Ainsi nous mettons à jours un empiètement de la vie professionnelle sur la vie privée. Le rapport utilitaire oriente tout le discours que les prêtres tiennent (autant dans le questionnaire qu'en entretiens). Effectivement nombreux sont ceux qu'ils se servent de l'actualité pour appuyer leurs sermons.
Pour conclure, nous pouvons dire que notre question de départ est une question indigène, c'est-à-dire que les prêtres se la posent, à l'intérieur même de leur profession. Néanmoins notre interrogation est originale : nous n'avons trouvé que très peu de littérature sur ce sujet. De part les réactions recueillies, qu'elles soient sceptiques, agacées ou encourageantes, nous pouvons évaluer l'importance et la pertinence du débat soulevé.
La vie professionnelle et la vie privée se mêlent l'une à l'autre ; pour autant nous ne pouvons affirmer, aujourd'hui, la suprématie de l'une d'elles. Les situations sont à adapter suivant l'acteur et les circonstances.
Néanmoins, ne pouvons nous pas dire que " la prêtrise est un 'sport de combat' " ? En effet, les prêtres sont engagés dans une logique de don d'eux-mêmes. Ils doivent adapter les demandes de l'église à ce qui leur est humainement possible de faire. C'est pourquoi ils se retrouvent contraints de " lutter " pour s'aménager des espaces de vie privée, de liberté.
A suivre…