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Merci à tous ! Tout d'abord, merci à tous ceux qui ont pris le temps de répondre à notre questionnaire et à ceux qui nous ont laissé des commentaires ! Nous avons obtenu 161 réponses mais nous n'avons pas pu prendre en compte les réponses venant de pays étrangers ainsi que les réponses venant de personnes trop âgées (plus de 18 ans) car elles n'entraient pas dans notre objet de recherche.
Nous tenons à préciser que nos résultats ne sont pas généralisables, ils ne sont valables que pour les personnes qui ont répondues. En effet, nous n'avons pu mettre nos liens que sur les forums de lecture, les forums de jeux vidéo, de films... les autres ne nous ayant pas autorisé à publier des articles "hors contexte". Grâce à votre aide, nous avons réalisé un rapport à votre intention ! Bonne lecture !
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Partout chez les professionnels du livre, les parents, les médias, le même constat : les adolescents « décrochent » de la lecture lors du passage du collège au lycée. Nous voulions savoir si cette rumeur sur la diminution des lectures adolescentes était vraie. Dans le cadre de notre cours de Méthodologie de l'Enquête Quantitative, nous avons donc réalisé un questionnaire sur ce sujet : "Actuellement, quelles sont les pratiques de lecture des adolescents français ? ".
La lecture est l'activité de déchiffrement et de compréhension d'une information écrite, ainsi, nous n'oublierons pas la lecture de magazines ou de bandes dessinées par exemple. La lecture est acte d'appropriation, d'interprétation. Il existe une diversité de mode de compréhension du texte, de représentation. La lecture peut donc développer l'esprit créatif du lecteur.
Les adolescents ont été interrogés ! Mais que veut dire "adolescent"? Un adolescent est un jeune qui est en période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. L'adolescence commence à l'âge de 12 ans, puisque c'est à cet âge que commence la puberté et se termine à 18 ans, âge où une personne est considérée comme adulte aux yeux de la loi en France.
Nous pouvons voir que nous avons obtenu peu de réponses des 12-13 ans. Les autres, 14 ans et plus, sont répartis de façon assez homogène. La majorité des réponses est celle des 18 ans, on peut penser que ce sont eux qui s'approchent le plus de l'âge adulte et que l'intérêt pour la lecture vient avec l'âge. De plus, à 18 ans, les jeunes vont plus facilement sur Internet, ils ont donc eu plus d'opportunités pour répondre à notre questionnaire. A l'inverse, les 12-13 ans n'ont pas forcément la possibilité de se servir d'Internet comme ils le désirent, son usage est peut être réglementé par les parents. Ainsi, ils sont sous représentés dans notre échantillon.
Il y a 84 filles qui ont répondu et 57 garçons. On voit ici qu'environ 60% des répondants sont des filles, on peut penser que la lecture étant une activité calme, cela peut convenir à l'image que l'on se fait des filles, les parents encouragent peut-être plus facilement leur fille à lire que leur fils. Les filles peuvent, en lisant, reproduire l'image sociale que l'on attend d'elles, c'est-à-dire une sorte d'idéal féminin, calme, posé et efficace. Notons que cela ne valide en rien l'hypothèse selon laquelle les filles lisent plus que les garçons puisqu'il s'agit du nombre de personne qui ont répondu au questionnaire. Ensuite, nous allons nous intéresser à l'école, ceux qui sont bons à l'école lisent-ils plus ?
L'école devrait encourager la pratique de la lecture, elle devrait associer la lecture à un loisir. Cependant, elle ne fournit pas toujours les conditions nécessaires à l'amour de la lecture, l'instituteur doit orienter les choix de lecture, conseiller ses élèves mais ses recommandations sont souvent considérées comme des obligations.
Nous pouvons remarquer que la majorité des répondants « aime un peu » ou « aime assez » l'école, qu'ils aient redoublé ou non. On peut dire qu'en produisant une telle réponse, les élèves tentent de se conformer à la norme sociale qui leur dit qu'ils doivent aimer l'école.
On voit ici que plus l'adolescent aime l'école, plus il lira les livres scolaires (prescrits) en entier. Le livre scolaire est donc directement lié à l'école et non pas au plaisir de lire. La lecture scolaire ne serait donc pas considérée comme un loisir.
Sur ce graphique, on voit clairement que quand leur niveau est faible, ils sont faibles lecteurs : environ 65% de ceux qui ont un niveau faible en français lisent de 1 à 5 livres par an. Quand leur niveau est moyen, on trouve à la fois des faibles lecteurs, des forts lecteurs et des moyens lecteurs. Tandis que quand leur niveau est bon ou très bon, on remarque clairement que la proportion de forts lecteurs augmente. Il y a environ 50% de forts lecteurs pour les très bon en français contre 0% pour les faibles en français.
Grâce aux personnes qui ont répondu, nous pouvons donc dire que si un adolescent a un bon niveau en français, alors, il est lecteur. On peut même ajouter que quand l'adolescent est bon ou très bon en français il a de grandes chances d'être un fort lecteur.
D'après d'autres enquêtes effectuées, les jeunes ont beaucoup de difficultés à franchir le seuil d'une bibliothèque. Nous l'avons dit, la lecture est une activité solitaire, en contradiction avec les habituelles activités de groupe des adolescents. Dans une bibliothèque, l'adolescent doit être seul et silencieux ce qui est encore en contradiction avec les activités de groupe. Cependant, il faut noter qu'il est possible d'aller en groupe à la bibliothèque, les adolescents partagent alors leurs expériences liées aux livres.
On peut penser que les personnes ayant répondu sont des lecteurs. Il semble donc logique que beaucoup de nos répondants soient inscrits dans une bibliothèque, ce qui est le cas à environ 60% :
Cependant, pour être lecteur, il faut non seulement être inscrit à la bibliothèque mais aussi la fréquenter régulièrement. Ceux qui y sont inscrits y vont environ une fois ou plusieurs fois par mois.
Pour ceux qui n'y vont jamais, il est possible que ce soit les parents qui aient inscrit leurs enfants ou alors que l'adolescent s'y est inscrit pour découvrir la bibliothèque mais que finalement l'endroit ne lui plaît pas. Nous pouvons aussi nous demander si l'adolescent va seul à la bibliothèque ou si il est accompagné. François De Singly (un sociologue) précise dans Lire à 12 ans que les jeunes qui allaient seuls à la bibliothèque avaient plus de chance de continuer à la fréquenter à l'âge adulte.
On voit ici que 50% des adolescents interrogés vont seuls à la bibliothèque. On peut prévoir que la population interrogée restera lectrice. Ce serait aussi le signe que ces jeunes aiment vraiment la lecture et ne vont pas à la bibliothèque sous la contrainte des parents.
Environ 26% y vont avec leurs amis, on remarque donc que la lecture n'est pas forcément une pratique solitaire. Les jeunes interrogés attachent sûrement beaucoup d'importance à la discussion des ouvrages qu'ils ont lus et doivent se réunir en petit comité pour en parler.
On remarque que les forts lecteurs sont souvent des filles. On voit qu'il y a plus de filles que de garçons forts lecteurs, le sexe a donc bien un impact sur la lecture.
Les adolescents lisent en grande majorité des romans, cela les aide peut être, dans leur imaginaire à construire leur vie. On remarque que, plus ils avancent dans les études, plus la proportion occupée par les romans et les livres scolaires augmente. On peut dire que les livres scolaires sont les livres prescrits qu'ils sont obligés de lire et les romans leur permettent de s'évader. Avec ces deux types de lecture, ils peuvent construire leur vie : en apprenant et en s'évadant.
On voit ici que les jeunes lisent en général au domicile des parents. Ils s'y sentent peut être plus isolés, à l'abris des regards de leurs camarades. L'atmosphère y est peut être plus accueillante qu'à la bibliothèque, l'adolescent peut en effet lire dans sa chambre, il s'y retrouve dans son univers.
Nous vous avons demandé où vous lisiez lorsque vous lisiez chez vous. On remarque donc que en majorité (41,1%), les adolescents interrogés lisent bien dans leur chambre. Cela leur permet de ne pas être en conflit avec leur entourage qui pourrait essayer de les empêcher de lire. Ils y trouvent le calme et la solitude que réclame la lecture. La chambre de l'adolescent est souvent considérée comme un lieu personnel où le jeune se retrouve seul ou avec ses amis.
Les manières de lire des parents auraient des répercutions sur leurs enfants. On peut penser que les jeunes doivent recevoir le bon exemple de leurs parents. En lisant, les parents inciteraient donc leurs enfants à les imiter. De Singly considère qu'un parent qui lit au moins un livre tous les quinze jours donne le bon exemple à son enfant. Le bon exemple peut être donné par un contrôle des lectures, par de fortes incitations et par la discussion.
Dans notre questionnaire, nous avions demandé le métier des parents. Cependant, vous êtes nombreux à ne pas avoir répondu, nous ne pouvons donc pas donner de résultats précis concernant les pratiques de lecture selon les types de métiers.
Voici nos conclusions générales :
- Si l'adolescent a un bon niveau en français, alors, il est lecteur.
- Ceux qui réussissent scolairement sont ceux qui ont du plaisir à lire.
- S'engager dans des conversations autour de la lecture augmente l'intensité de la lecture.
- Si les adolescents lisent c'est qu'ils aiment lire.
- Ceux qui sont forts lecteurs sont souvent les filles.
- Il y a un changement qui s'opère lors du passage à l'adolescence car c'est à cette période que les parents s'occupent moins des lectures de leurs enfants.
- La réussite scolaire des adolescents a un impact sur leurs pratiques de lecture. Seuls ceux qui réussiraient à l'école pourraient accéder « naturellement » au plaisir de lire, tout un travail de socialisation permet d'y accéder. A l'inverse, la lecture ouvrirait « les portes de la réussite scolaire et sociale ».
- La lecture a une connotation positive, c'est-à-dire que la lecture est perçue comme quelque chose de bien culturellement, elle a une image positive.
Notre enquête ne nous permet pas de créer de généralités car les personnes ayant répondues ne sont pas assez représentatives de la population française (en nombre d'individus). Néanmoins, nous ne pouvons que confirmer les résultats d'autres chercheurs. Par exemple, nous ne pouvons pas nier que nos résultats concordent avec ceux de l'enquête de Christian Baudelot en 1999. Tous les jeunes ou presque déclarent lire autre chose que des livres scolaires, le livre reste le premier des supports de lecture mais il est fortement concurrencé par les magazines et sa pratique décroît avec l'âge. De plus, les adolescents lisent en majorité pour se faire plaisir, pour développer leur imagination ou encore pour s'évader, le côté « apprentissage », « développement de connaissance » n'est pas essentiel. Enfin, nous pouvons affirmer que le goût de lire chez les filles est plus fort que chez les garçons.
Les résultats de Sylvie Octobre peuvent être confirmés également. Cette enquête montrait que les 10-14 ans avaient des lectures variées cependant, avec l'âge, les différents supports deviennent moins attractifs, la lecture de la presse augmente entre 10 et 14 ans mais celle des livres et des bandes dessinées diminue. Cette situation peut être due à l'image d'« intello » dont François De Singly parlait. En effet, à l'adolescence, le jeune cherche à s'intégrer et souvent, les forts lecteurs sont dévalorisés par leurs camarades car la lecture est une activité qui met souvent le jeune à l'écart car elle est solitaire, elle est donc en contradiction avec les activités de groupe des adolescents.
Sur ce questionnaire, nous avons eu à la fois des retours positifs mais aussi des incompréhensions. En effet, les adolescents étant intéressés par le sujet, ils trouvaient notre questionnaire à leur goût, beaucoup nous ont encouragés à continuer. Nous avons également dû faire face à quelques difficultés. Un certain nombre d'individus nous ont demandé en commentaire (ou sur les forums où le lien était posté) l'intérêt de telle ou telle question. Par exemple : « Pourquoi demander l'âge des parents ? », « Quel est l'intérêt du métier des parents ? », « Pourquoi demandez-vous notre âge ? »... On remarque que ces interrogations se posent uniquement sur les questions qui ne touchent pas directement le sujet de la lecture. Nous aurions dû faire des petits textes de transition pour expliquer l'intérêt des parties et ce qu'elles nous apportaient. Ainsi, les individus n'auraient pas été déstabilisés.
Encore une fois, merci à tous d'avoir répondu à notre questionnaire !
Si vous avez des questions ou des commentaires, vous pouvez nous écrire :
François De Singly, Lire à 12 ans : Une étude sur les lectures des adolescents, éditions Nathan, Paris 1989
Claude POISSENOT, Les adolescents et la bibliothèque, BPI, 1997
Actes de colloque, Lectures adolescentes, Clermont-Ferrand, Novembre 1998
Nicole Berthier, Les techniques d'enquête en sciences sociales : Méthode et exercices corrigés, 2ème édition Armand Colin, Paris 2006
Gérard Mauger, Claude F. Poliak, Bernard Pudal, Histoires de lecteurs, éditions Nathan, Paris 1999
Dendani Mohamed Nasser, Les pratiques de lecture : du collège à la fac, L'Harmattan, Paris 1998
Sylvie Octobre, Les loisirs culturels des 6-14 ans, La Documentation française, Paris 2004
C. Baudelot, M. Cartier, C. Détrez, Et pourtant, ils lisent ..., Seuil, Paris 1999
http://www.prix.livre-paca.org/medias/Liens/presentation/pdf/lecture_ados.pdf
http://www.cg49.fr/medias/PDF/themes/culture_sports/bdp/boite_outils/lecture_adolescents.pdf
http://www.enssib.fr/bbf/bbf-98-5/15-dendani.pdf
http://www.centrenationaldulivre.fr/IMG/pdf/table_ronde_9_etat_des_lieux.pdf
http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/nomenclatures/nomenclatures.htm
Notes de cours de Sociologie de la Lecture de Laurence Le Douarin
Notes de cours de Cours de Méthodologie de l'Enquête Quantitative : le questionnaire de Fanny Salane
