Rapport final

Un grand merci à vous tous pour avoir pris le temps de répondre à notre questionnaire. Grâce à vous, nous avons pu réaliser notre enquête sur les habitudes d’achats alimentaires des Français. A partir de vos réponses, nous avons affirmé ou infirmé nos hypothèses de départ qui sont regroupées dans ce rapport final.
Nous vous souhaitons une très bonne lecture.

Caroline, Julie et Hélène

Analyse des résultats

Sur 154 personnes ayant répondu à notre questionnaire, 70.13 % sont des femmes et 29.87 % des hommes. Nous pouvons remarquer une certaine diversité des enquêtés en ce qui concerne leur âge. Mais, nous observons tout de même que la majorité est représentée par les jeunes de 20 à 24 ans (23.37 %). Les 45 - 49 ans sont également nombreux dans l’échantillon recueilli (18.18 %). En revanche, certaines catégories d’âges telles que les personnes de plus de 55 ans (9.09 %), les 35 - 39 ans (5.84 %) et les jeunes de 15 à 19 ans (3.24 %) sont beaucoup moins présentes.
Parallèlement, toutes les classes sociales apparaissent mais nous pouvons souligner le fait que plus de la moitié des enquêtés, c'est-à-dire 58.44 %, sont issus de la classe sociale moyenne. Quant aux classes populaires et supérieures, elles sont respectivement 30.51 % et 11.03 % à avoir répondu à notre questionnaire.
Nous pouvons donc constater que notre échantillon n'est pas du tout représentatif de la population française. Les conclusions tirées seront alors valides uniquement pour cette étude. Pour la reconnaître dans le cas général, il faudrait cibler un échantillon beaucoup plus large de la population.

A. Caractéristiques économiques

Comme nous l’avons introduit au début de ce dossier, selon le milieu social, le goût culinaire ainsi que la consommation de certains produits se différencient. Dans cette partie, nous tenterons dans un premier temps de définir les classes: populaire, moyenne et supérieure. Par la suite, nous étudierons l’impact de l’appartenance sociale sur le comportement d’achat alimentaire.

1. Définition des classes

Pour définir les différents milieux sociaux, nous nous sommes basées sur le sens attribué à la classe moyenne. Il est important de noter qu’il n’existe pas de définition objective et consensuelle ; cette dénomination est généralement considérée comme une expression « fourre-tout » (article du journal l’Expansion, La classe moyenne en France, parent-pauvre de la redistribution socio-fiscale). Le monde anglo-saxon a connu les mêmes difficultés avec sa « middle class » qui n’a pas la même signification que la classe moyenne lorsque l’on traduit littéralement cette expression qui voudrait dire en Français la « classe du milieu ». Au contraire, il aurait fallu utiliser le terme de « average class » qui correspondrait à la classe proche de la moyenne. L’expression « classe moyenne » est apparue bien avant le XIXème siècle et recouvrait « cette catégorie intermédiaire entre les deux extrêmes que sont le prolétariat et la haute bourgeoisie » (Louis Chauvel, Le retour des classes sociales ?). Qu’en est-il de nos jours ? Comment peut-on la définir ?

Nous pouvons proposer plusieurs critères de différenciation tels que le revenu et la profession. En termes de ressources, l’expression « classe moyenne » implique que les salaires des personnes appartenant à ce milieu sont proches du revenu médian. En 2005, celui des salariés à temps complet du secteur privé était de 1 484 € nets selon l’Observatoire des inégalités. Cette association considère ainsi les classes moyennes comme représentant les 40 % de la population qui se trouvent au-dessus des 30 % les plus modestes et en-dessous des 30 % les plus riches. Le salaire net des personnes appartenant à cette classe serait ainsi compris entre 1 200 et 1 900 €. D’autres définitions existent comme celle du sociologue L. Chauvel, qui propose un cadrage plus large ; cette catégorie rassemblerait 60 % des salariés et serait découpée en sous-groupes distinguant classes moyennes inférieure, intermédiaire et supérieure. Le salaire net s’étalerait alors de 1 143 à 3 429 €. Selon nous, cette délimitation est trop étendue et regroupe par conséquent une grande diversité de conditions de vie.
D’autres critères concernant le revenu peuvent être pris en compte afin de définir la classe moyenne. Nous pouvons, par exemple, étudier l’origine des revenus. Pour Xavier Molénat dans l’article Les classes moyennes paru dans la revue Sciences Humaines, les personnes dont les ressources proviennent à plus de 40 % des prestations sociales seraient exclues de la classe moyenne. Il en est de même pour les individus dont les revenus découlent essentiellement de leur patrimoine comme c’est le cas pour les 10 % des Français les plus aisés. Cet auteur propose également de ne pas considérer les personnes pouvant embaucher des travailleurs tels que les aides ménagères, les jardiniers…

En outre, la profession permet de différencier les acteurs sociaux notamment à l’aide des catégories socioprofessionnelles élaborées par l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques). De ce point de vue, la classe moyenne serait composée d’individus exerçant une profession intermédiaire comme les infirmières, les techniciens, les agents de maîtrise… Une partie des employés et des cadres supérieurs pourrait aussi être catégorisée dans cette classe (X. Molénat, Sciences Humaines, Les classes moyennes). Selon cet auteur, certains critères permettent d’expliquer ce classement tels que le secteur d’activité, le type de contrat et le niveau de qualification.

À partir de ces différentes définitions, nous nous sommes positionnées afin de regrouper l’ensemble de nos enquêtés en trois classes : populaire, moyenne et supérieure. Pour se faire, nous considérerons le milieu moyen comme englobant les personnes dont les revenus s’échelonnent de 1 000 à 2 000 € et appartenant principalement aux professions intermédiaires. Cependant, certains employés et cadres peuvent aussi être inclus dans ce groupe. Les individus d’origine populaire auront, quant à eux, des ressources inférieures à 1 000 € alors que celles des classes supérieures dépasseront les 2 000 €. Lorsque l’enquêté est en couple, nous multiplions ces intervalles par deux.
Pour classer nos enquêtés, nous avons, dans un premier temps, identifié leur catégorie socioprofessionnelle parmi les 8 existantes  « Agriculteurs exploitants »,  « Artisans, commerçants et chefs d’entreprise », « Cadres et professions intellectuelles supérieures », « Professions intermédiaires », « Employés », « Ouvriers », « Retraités », « Autres personnes sans activité professionnelle ». (L. Chauvel, Le retour des classes sociales ?)

les CSP

Pour effectuer ce classement, nous nous sommes aidées de la nomenclature de l’INSEE ; à chaque enquêté nous avons attribué un code de profession parmi les 549 existants. Par la suite, nous avons mis en lien chaque code, à la catégorie socioprofessionnelle correspondante grâce à d’autres tableaux proposés par l’INSEE.
Dans un second temps, nous avons couplé les ressources des enquêtés et leur CSP afin de définir leur classe sociale. Pour certains, les revenus étaient de bons indicateurs, pour d’autres, cette information ne nous était pas communiquée, c’est pourquoi nous nous sommes basées sur leur catégorie socioprofessionelle. A l’aide de ces critères de différenciation, nous obtenons 30.51 % d’individus appartenant au milieu populaire, 58.44 % à la classe moyenne et 11.03 % à la catégorie supérieure.

Selon L. Chauvel, « les ressources mobilisables au sein des différentes classes sont une chose, mais les classes sociales ne sont pas simplement une affaire de dimension des ressources : elles reflètent aussi des modèles culturels et des contraintes généralisées, non-exclusivement économiques, qui pèsent sur l’accès aux biens de consommation marchande ou non » (L. Chauvel, Le retour des classes sociales ?). Selon M. Halbwachs, la consommation est le lieu favorable aux rapports socio-économiques et culturels. Il suit ainsi l’idée de P. Bourdieu qui souligne le fait que la consommation est révélatrice d’une identité culturelle puisque les goûts sont socialement construits.
Dans la partie ci-dessous, nous allons nous intéresser à l’influence de l’appartenance sociale sur le comportement d’achats alimentaires afin de savoir si une différenciation sociale apparaît dans ce domaine.

2. Impact des caractéristiques économiques

La principale influence de l’appartenance à une classe sociale concerne le budget consacré aux victuailles. Plus particulièrement, les ressources ont un impact sur la structure des budgets. Au sujet des dépenses d’alimentation, Ernst Engel, statisticien allemand, a démontré que leur part décroît avec le revenu (première loi d’Engel). En effet, lorsqu’un ménage a des ressources moindres, l’essentiel de ses dépenses est consacré à l’alimentation et aux besoins de première nécessité comme l’habillement et le logement. Ce constat est aussi proposé par L. Chauvel qui affirme que « les moyens économiques des classes populaires servent à couvrir des besoins de base » (L. Chauvel, Le retour des classes sociales ?). A l’inverse, les foyers les plus aisés ayant des revenus confortables, dépenseront certes, une somme plus importante pour l’alimentation mais cette catégorie d’achat représente une faible part du revenu comparée à l’ensemble des dépenses. D’autres types de consommation occupent une place à ne pas négliger dans l’ensemble de leurs ressources tels que les loisirs, la culture…
Concernant nos enquêtés, nous pouvons remarquer d’une part, que les foyers les plus aisés consacrent une somme plus élevée pour l’alimentation. Par exemple, 50 % des ménages ayant comme ressources 1 000 à 1 500 € dépenseront entre 200 et 300 € alors que 46,2 % des foyers dont les revenus s’étalent de 3 500 à 4 000 € utiliseront entre 500 et 700 € pour les achats alimentaires.

D’autre part, la loi d’Engel peut se vérifier en comparant quelques groupes d’individus n’ayant pas les mêmes revenus. Par exemple, le budget alimentaire des personnes dont les ressources varient de 1 000 à 1 500 € représente 20 % de leur revenu total alors que celui des individus obtenant plus de 4 000 € correspond à 13,8 %. Cependant, parmi les réponses obtenues, nous pouvons aussi donner des contre exemples à cette loi. Les foyers disposant entre 3 000 et 3 500 € et ceux obtenant entre 3 500 et 4 000 € en sont une illustration. Les premiers consacrent à l’alimentation 13,8 % de leurs ressources alors que les seconds en utilisent 16 %.

Ressources Part consacrée à l'alimentation
pour la majorité des personnes
par chaque tranche de revenu
(en pourcentage)
Moins de 1000 € 15
Entre 1000 et 1500 € 20
Entre 1500 et 2000 € 14,3
Entre 2000 et 2500 € 11,1
Entre 2500 et 3000 € 16,4
Entre 3000 et 3500 € 13,8
Entre 3500 et 4000 € 16
Plus de 4000 € 13,8

Toutefois, il est important de noter que le budget alimentaire dépend aussi de plusieurs facteurs comme le nombre d’enfants à charge.

Il existe d’autres différenciations sociales à propos des habitudes d’achats alimentaires tels que le lieu d’achat, la recherche de qualité ou non et le rapport aux marques.
En ce qui concerne le premier élément, nous pouvons constater que quelque soit l’appartenance sociale, les grandes surfaces restent l’endroit principal de réalisation de courses (70 % des enquêtés déclarent y effectuer leurs emplettes). Une petite distinction s’opère lorsque nous nous intéressons aux magasins discount ; ces derniers sont principalement fréquentés par les foyers dont les revenus ne dépassent pas les 2 500 €. Mais les chiffres ne sont pas significatifs pour affirmer que seules les classes populaires ou moyennes fréquentent ce type de magasins étant donné que ces lieux attirent aussi des ménages gagnant plus de 4 000 €.

Nous pouvons également nous intéresser à la recherche de qualité lors de l’achat du produit. En effet, selon L. Chauvel, le ménage plus aisé recherchera la qualité des produits du fait que la quantité est déjà satisfaite grâce aux ressources. Ils consommeront ainsi plus de produits frais, de viande de qualité…
Pour étudier cet aspect, nous étudierons l’achat de conserves, d’aliments surgelés mais aussi de produits frais. De plus, il est intéressant d’analyser la fréquentation de lieux dans lesquels on peut se procurer des produits particuliers tels que de la viande, du poisson, du fromage...

Les produits frais s’opposent généralement aux conserves ou aux produits surgelés pour la qualité. Ils sont consommés par de nombreux enquêtés quelque soit leur origine sociale du fait qu’ils ne sont que 4 % à en acheter rarement (personne n’a coché la modalité « Non, jamais »). Il apparaît toutefois une distinction sociale entre ceux qui déclarent toujours en consommer et ceux qui affirment en acheter régulièrement. En effet, les ménages dont les ressources sont supérieures à 4 000 € sont 63 % à être dans le premier cas. On y trouve aussi 61 % de ceux obtenant entre 3 500 et 4 000 € par mois. De plus, les foyers se situant dans la deuxième situation sont 86 % à gagner entre 1 500 et 2 000 €. Les produits frais sont ainsi particulièrement appréciés des individus les plus aisés.

En ce qui concerne la consommation des conserves, nous pouvons constater qu’il existe une distinction sociale entre les personnes qui déclarent en acheter rarement et celles qui affirment s’en procurer fréquemment. En effet, parmi les premières, 63 % sont des individus possédant des ressources supérieures à 4 000 € alors que parmi les deuxièmes, 68 % ont des revenus compris entre 1 500 et 2 000 €. Par ces chiffres, nous pouvons donc exposer le fait que les acteurs issus de classe aisée privilégieront avant tout la qualité plutôt que la quantité.

achats de conserves

A propos des produits surgelés, il n’existe pas réellement de chiffres significatifs mis à part que 63 % des foyers dont les ressources comprises entre 1 500 et 2 000 € déclarent acheter fréquemment ce type d’aliments. Mais ce pourcentage ne peut pas être comparé avec d’autres données sur les foyers les plus aisés par exemple. Certes, 45 % de ceux possédant des revenus mensuels supérieurs à 4 000 € affirment qu’ils se procurent rarement des surgelés, mais selon nous, ce pourcentage n’est pas très significatif. Nous pouvons simplement affirmer que les foyers les plus modestes consomment en grande majorité ce type de produit mais nous ne pouvons pas conclure que ceci est différent pour les catégories supérieures.
Il en est de même pour les lieux particuliers où on trouve des produits spécifiques tels que le poisson, la viande, le fromage… Ces endroits permettent aussi de tester si les enquêtés recherchent ou non la qualité. En effet, il n’apparaît pas de pourcentage réellement pertinent. Certes, 46 % des foyers possédant des ressources mensuelles comprises entre 3 500 et 4 000 € affirment acheter ce type d’aliment sur le marché mais nous ne pouvons pas le comparer à d’autres données concernant des foyers plus modestes.

Un dernier critère pour étudier la recherche ou non de qualité est l’importance donnée à l’origine du produit. Nous pouvons tout d’abord constater que l’origine est très importante pour la plupart de nos enquêtés puisqu’ils sont 55 % à déclarer que cet aspect est l’un de leur critère de choix. Pour nos enquêtés, l’origine peut être un élément de différenciation assez convaincant. 63 % des personnes possédant des ressources supérieures à 4 000 € et 69 % de celles dont les revenus sont compris entre 3 500 et 4 000 € affirment porter attention à l’origine du produit. Un autre chiffre significatif concerne les foyers obtenant mensuellement entre 3 000 et 3 500 €, ces derniers sont 75 % à déclarer l’importance de l’origine dans leur choix d’aliment. De plus, pour 57 % des individus gagnant moins de 1 000 € et pour 63 % de ceux ayant entre 1 500 et 2 000 €, ce critère de sélection n’influence pas leurs achats.

croisement ressources origine

Certes, il existe quelques exceptions à cette distinction sociale (54 % des personnes ayant des ressources comprises entre 1 000 et 1 500 € trouvent de l’importance à l’origine des produits), mais les pourcentages à propos des ménages aisés sont plus significatifs car ils sont supérieurs à 60 %. Par conséquent, la recherche de la qualité par l’origine du produit se retrouve particulièrement chez les individus appartenant aux classes supérieures.

Un autre critère du comportement d’achat est l’importance des marques qui pourrait se révéler être un élément de distinction. Cependant, il n’existe pas réellement de différenciation sociale. Certes, les enquêtés ayant sélectionné la modalité de réponse « Indispensables », à la question 10 font partie des foyers ayant des ressources supérieures à 3 500 €, mais parmi ces ménages, d’autres personnes interrogées déclarent que les marques sont peu importantes pour elles. Toutefois, elles sont 45 % à juger les marques importantes. Les foyers dont les revenus ne dépassent pas 1 000 € sont les plus nombreux à considérer les marques comme pas du tout indispensables dans leurs achats. Néanmoins, il faut nuancer ce propos étant donné qu’ils ne sont que 19 % à l'affirmer. Ainsi, pour nos enquêtés, la recherche de la marque n’est pas le principal aspect lors de leurs achats alimentaires.

En conséquence, l’appartenance sociale constitue un élément de différenciation au sujet de certains aspects du comportement d’achat. Concernant les autres critères, il aurait fallu un échantillon plus représentatif de la population française pour affirmer cette détermination sociale.

Les habitudes d'achat des enquêtés pourraient aussi se distinguer selon d'autres critères comme la structure familiale, l'âge ou le lieu d'habitation. C'est pourquoi, dans la partie suivante, nous nous intéresserons à l'impact des caractéristiques sociodémographiques et géographiques sur les choix du consommateur.

B. Caractéristiques sociodémographiques et géographiques

1. Structure familiale

Dans l’échantillon recueilli, nous constatons que les foyers de 6 personnes sont très peu représentés ; ils ne sont que 3. Nous devons bien entendu les prendre en compte mais tout en étant conscient que ceci n’est absolument pas représentatif de la population française.

Selon l’étude Ipsos-Sofinco de 2003 s’intéressant à la façon dont les parents conçoivent l’influence de leurs enfants sur leur propre consommation, l’alimentation des jeunes Français constitue le principal poste de dépenses (37 %) devant l’habillement (33 %) et l’éducation (26 %). « Il s’agit d’une caractéristique essentielle du budget consacré aux enfants ». Nous retrouvons ces résultats dans notre étude en constatant que plus le nombre d’enfants est important, plus le budget consacré à l’alimentation s’accroît même s’il est assez disparate pour les ménages n’ayant aucun enfant ; la majorité, c'est-à-dire 32.05 % des foyers sans enfant, dépense mensuellement entre 200 et 300 € en achats alimentaires. Lorsqu’il y a un enfant, on constate déjà une augmentation ; le budget passe à une tranche de 400 à 500 €. Parallèlement, 75 % des familles composées de 3 et 4 enfants ne dépensent pas en dessous de 400 € pour les premières et 600 € pour les secondes.

L'influence du nombre d'enfants sur le budget alimentaire du foyer (en pourcentage)

Nombre d'enfants/budget Moins de 100 € 100-200 € 200-300 € 300-400 € 400-500 € 500-600 € 600-700 € 700-800 € Plus de 800 €
0 11.53 23.07 32.05 12.82 8.98 3.85 2.57 3.85 0
1 0 0 11.76 8.82 32.35 14.70 14.70 2.95 5.89
2 0 0 8.70 17.40 21.74 21.73 4.35 17.40 8.70
3 0 16.66 8.33 0 25 16.66 25 0 8.33
4 0 0 0 0 0 0 33.33 0 33.33

Plus généralement, lorsque le nombre de personnes au foyer s’accroît, le budget alimentaire devient de plus en plus important au sein des dépenses quotidiennes pouvant aller de 600 à 800 € pour les ménages de 6 individus. A l’inverse, une personne seule consacre un budget moins important à l’alimentation ; 82 % d’entre elles déclarent dépenser mensuellement entre 100 et 300 € en moyenne. L’étude Ipsos confirme nos résultats en observant également que « plus la famille s’agrandit, plus le budget consacré à l’alimentation devient prioritaire ; il devient la principale dépense pour les familles de 3 enfants et plus. »
En revanche, il ne faut pas croire que lorsque la structure familiale est plus importante, la recherche de la qualité tomberait en désuétude. Au contraire, les familles de 5 ou 6 membres achètent autant de produits frais que celles d’1 à 4 personnes.
Dans le même temps, les produits surgelés sont fréquemment consommés par tous les types de ménages et nous pouvons même remarquer que les familles de 6 individus se procurent rarement ce genre de victuaille. Nous pouvons proposer un constat similaire pour les produits en conserve ; certes, ils sont achetés plus rarement par une personne seule que par une famille de 6 membres ce qui pourrait s’expliquer par une volonté de gain de temps de la part de cette dernière, mais les autres foyers affirment acheter fréquemment les produits en conserve.
En ce qui concerne l’importance des marques dans la vie quotidienne, nous observons que la structure familiale ne change pas cette caractéristique. Chaque ménage trouve les marques peu importantes voire importantes.
Enfin, nous pouvons mettre en évidence le fait que la fréquentation des grandes surfaces n’est pas préférée par un type de famille en particulier mais par toutes ; 70 % des personnes interrogées les fréquentent. Nous observons également que les ménages de 5 personnes sont les plus nombreux (80 %) à effectuer leurs achats dans ces magasins. Les petits commerces spécialisés, les magasins discount, le marché,… restent peu fréquentés en général.

La structure familiale constitue donc un élément de distinction lorsqu'on parle de consommation. Le budget n'est pas le même en fonction du nombre de membres au foyer. Mais cette caractéristique n'influence pas le type d'achat du consommateur ; la recherche de qualité est quasiment la même pour tous les enquêtés.
En revanche, l'âge joue sur divers critères en matière de consommation.

2. Âge des enquêtés 

Selon Christine Monceau, Elyane Blanche-Barbat et Jacqueline Echampe, dans l’enquête de l’INSEE intitulée La consommation alimentaire depuis quarante ans , « avec l’âge et l’augmentation des revenus, les individus se retournent vers des produits plus chers avec un budget consacré à l’alimentation qui augmente. Après 60 ans, le revenu se réduit mais la part du budget alimentaire augmente ».
Les résultats de notre questionnaire illustrent cette affirmation. En effet, seuls les moins de 29 ans consacrent moins de 100 € pour leurs achats alimentaires. Sur 21 personnes, ils sont aussi 71.43 % à avouer consacrer entre 100 et 200 € de budget pour l’alimentation. De plus, sur 14 individus, seulement un jeune de moins de 29 ans assure mettre plus de 700 € pour ces types d’achats alors que 4 personnes âgées de plus de 50 ans affirment cela.

Au sujet des marques des produits, 2 personnes n’ont pas répondu à cette question, 4 pensent qu’elles sont indispensables, 13 qu’elles sont très importantes, 46 qu’elles sont importantes, 75 qu’elles sont peu importantes et 14 qu’elles ne le sont pas du tout.
Parmi les 75 individus qui pencheraient pour la modalité « peu importantes », 40 % sont âgés de moins de 29 ans, 49.34 % de 30 à 49 ans et 10.66 % de plus de 50 ans.
Sur les 6 individus de plus de 50 ans, 1 personne a choisi la modalité « indispensables », 1 « très importantes » et 3 « importantes » alors que personne n’a coché la réponse « peu importantes » et qu’1 seule la modalité « pas du tout importantes ». Cela met en évidence le fait que les personnes les plus âgées recherchent la qualité du produit à travers sa marque, même si l’échantillon est peu représentatif.
63.2 % des moins de 29 ans et 59.2 % des 30 – 49 ans estiment que les marques sont peu ou pas du tout importantes. Ces chiffres confirment l’hypothèse selon laquelle les personnes âgées sont en quête de qualité à la différence des plus jeunes.

Ces mêmes auteurs de La consommation alimentaire depuis quarante ans affirment qu’avec les années, les personnes font de plus en plus attention à leur santé que les jeunes. En effet, nous constatons que 10 personnes de plus de 55 ans sur les 14 interrogées prennent acte de l’origine du produit qu’ils achètent alors que 57.63 % des moins de 29 ans ne prêtent pas attention à ce critère. De plus, sur 100 individus ayant affirmé qu’ils achetaient fréquemment des conserves, 40 % sont âgés de moins de 29 ans, 42.86 % entre 30 et 49 ans et seulement 17.14 % de plus de 50 ans. Il en est de même pour les produits frais (respectivement 41.56 %, 46.75 % et 11.69 %) et les surgelés (respectivement 32.53 %, 55.42 % et 12.05 %). Cela met en évidence la recherche de qualité des aliments achetés pour les personnes plus âgées.

Cependant, suite à notre enquête, nous n’avons pas pu mettre en relief un lieu d’achat prédestiné à une catégorie d’âge. En effet, les moins de 29 ans sont 67.8 % à faire leurs courses en grandes surfaces, les 30 – 49 ans sont, quant-à-eux, 73.2 % et les plus de 50 ans sont 66.7 %. Ces pourcentages ne peuvent donc pas affirmer ou infirmer l’hypothèse d’un endroit spécifique pour chaque tranche de la population.

Ainsi, l’âge des enquêtés modifie leurs comportements d’achats alimentaires du fait d’une recherche différente de la qualité et de la quantité du produit.

3. Lieu d'habitation

Selon D. Darpy et P. Volle, les caractéristiques économiques et sociodémographiques ont une influence directe sur les caractéristiques géographiques des individus, ce qui influerait indirectement sur leur consommation. En s’intéressant principalement aux particularités géographiques, ils observent que celles-ci reflètent les spécificités locales tels que le climat, les traditions gastronomiques, la proximité des frontières … ; ceci déterminerait directement la consommation des individus ; l’Alsace, par exemple, est connue pour sa choucroute.

Notre enquête permet d’affirmer que tous les interrogés font généralement leurs achats en grandes surfaces mais les individus situés dans les villes de moins de 20 000 habitants y sont majoritairement représentés avec un pourcentage 76.31 %. Les autres populations sont également nombreuses à préférer ces lieux par rapport aux petits commerces spécialisés, enseignes discount, marché, commandes sur Internet ; 66.66 % de la population de communes rurales effectue ses achats en grandes surfaces contre 24.5 % pour les magasins discount et 6.6 % en commerces spécialisés. Nous pouvons aussi remarquer que les commandes sur Internet restent des pratiques marginales. Elles ne dépassent pas 22 % de l’ensemble de l’échantillon.

croisement lieu habitation lieu d'achat

Pour notre étude, nous pouvons donc constater que la localisation géographique n'est pas un critère de différenciation pour le lieu d'achat ; habiter une ville très urbanisée ou une commune rurale ne modifie pas le fait de préférer les grandes surfaces pour les achats en général.
Dans ces lieux d'achats, d’autres caractéristiques peuvent influencer le comportement d'achat du consommateur comme la présence d’autres personnes.

C. Caractéristiques relationnelles

Pour R. Barthes, « on ne consomme pas un objet, mais les signes qu’il permet d’émettre vis-à-vis de son entourage ». Aussi, pour P. Bourdieu, « la consommation est l’un des mécanismes de la distinction, notamment à travers les pratiques alimentaires, culturelles et sportives ». La consommation est donc, selon eux, une activité sociale avant même d’être un acte individuel.

1. Influence des enfants

L’enquête de l’Ipsos citée ci-dessus porte sur plus de 2 000 foyers regroupant 2 203 enfants dont les mères ont été interrogées sur 200 questions afin de se renseigner, entre autres, sur les modifications de comportements en matière alimentaire. Suite à ce questionnaire, l’Ipsos en a déduit trois catégories différentes de mères : celles qui sont d’accord sur le fait que les enfants ont une influence sur les décisions du foyer, celles qui, à l’inverse, ne sont pas d’accord et celles qui se situent entre les deux.
Selon la même étude, « l’intervention régulière des enfants dans les choix de consommation de la famille est presque unanimement reconnue par leurs parents dans le domaine de l’alimentation (76 %) ».
Sur les 152 individus à avoir répondu à la question « Lors de vos achats alimentaires, des produits non prévus s’ajoutent-ils dans votre panier lorsque vous êtes accompagné(e) de vos enfants », 67 déclarent ne pas avoir d’enfant. Parmi les autres, 14.12 % affirment ne pas faire leurs courses avec eux. De plus, 20 % disent ne pas être influencés par leurs enfants contre 65.88 % pensant le contraire. Ce constat illustre les propos tenus par l’enquête Ipsos.

Selon D. Darpy et P. Volle, les comportements d’achat vont varier très nettement en fonction du sexe du consommateur. En effet, la femme ayant un double rôle du fait de son activité professionnelle et de son statut de mère, n’aura pas les mêmes envies que l’homme.
Pour notre questionnaire, sur 56 réponses positives à l’influence des enfants lors des courses, 75 % sont des femmes et 25 des hommes. Cela met bien en évidence l’hypothèse que le jeune oriente le choix de ses parents, notamment celui de sa mère.

L’influence des enfants face aux achats alimentaires des Français est importante mais n’est pas unique. En effet, d’autres personnes de l’entourage du consommateur peuvent jouer un rôle lors de la décision de l'achat d'un produit.

2. Influence des amis et du conjoint

Selon l’enquête de l’Ipsos, l’influence des amis et des conjoints peut se faire inconsciemment. En effet, faire les courses ensemble est synonyme de moment agréable, procure des sentiments positifs… cela expliquerait alors l’achat « impulsif » afin de faire plaisir à l’autre, en l’occurrence ici, à l’ami ou le conjoint.

Parmi les 120 enquêtés qui ont un conjoint, 87 individus, soit 72.5 % pensent être influencés par eux, 13.33 % affirment ne pas être orientés dans leurs choix et 14.17 % ne font pas leurs courses accompagnés de ces derniers.
Les femmes pensent être influencées par leur conjoint à 71.26 % et par leurs amis à 62.96 % alors que les hommes sont respectivement 28.74 % et 37.04 %. Nous pouvons donc constater que ce sont plus largement les femmes qui se disent être influencées.

influence

Ainsi, la présence d’une tierce personne implique une modification du comportement d’achat des français.

Conclusion

Suite à cette étude, nous pouvons conclure que l'environnement socio-économique influence les comportements d'achats alimentaires des Français de nos jours. Ceci peut être mis en évidence par les caractéristiques économiques telles que le revenu disponible et le patrimoine ou encore la classe sociale. Les particularités sociodémographiques comme le sexe, l’âge, la famille... sont aussi des éléments de distinction. Cependant, le type d’agglomération ou la localisation ne sont pas, pour nos enquêtés, des critères pouvant différencier les individus et avoir une influence sur les comportements d’achats.

Ces derniers renvoient aux choix qu’effectuent les Français pour les marques des produits mais aussi à la sélection du point de vente, aux choix qu’ils procèdent entre qualité et quantité, au budget qu’ils consacrent à leurs achats alimentaires, à l'intérêt qu’ils portent aux promotions, au fait qu'ils font leurs emplettes seul ou accompagné…

Sommaire

A. Caractéristiques économiques

1. Définition des classes

2. Impact des caractéristiques économiques

B. Caractéristiques sociodémographiques et géographiques

1. Structure familiale

2. Catégories d'âges

3. Lieu d'habitation

C. Caractéristiques relationnelles

1. Influence des enfants

2. Influence des amis et du conjoint

Conclusion