Tout d'abord, nous vous remercions d'avoir eu la patience de répondre à notre questionnaire. Vous avez été 41 à nous répondre. Voici les interpétations et les conclusions que nous avons pu tirer de vos réponses.
Nous allons présenter les déterminants sociaux (âge, sexe, profession, etc.) des personnes qui ont répondu à ce questionnaire.
Vous êtes pratiquement le même nombre d'hommes que de femmes à avoir répondu, avec une légère différence toutefois : 54 % d'hommes contre 46 % de femmes.
Vous êtes une population qu'on peut qualifier de jeune car vous avez tous entre 19 et 29 ans, dont une écrasante majorité (85 %) de moins de 25 ans.
Contrairement au préjugé selon lequel les jeunes qui fréquentent les boîtes de nuit ne travaillent pas, on constate que 45 % d'entre vous exercent une activité professionnelle. Les secteurs d'activité dans lesquels vous travaillez sont très diversifiés et regroupent toutes sortes de métiers : de la banque au service social, du métier de trader au métier d'ébèniste...
Une part importante d'entre vous est étudiante (37 %) et 16 % d'entre vous sont sans emploi.
On constate que tous ceux qui ont répondu à notre enquête sont diplômés. Néanmoins, les diplômes possédés sont très divers, du CAP ou BEP aux longues études supérieures à bac+3 ; 75 % d'entre vous ont un diplôme supérieur au bac.
La grande majorité d'entre vous est célibataire (80%). Peut-être fréquentez-vous les boîtes à la recherche de l'âme soeur ? mais nous y reviendrons...
Par ailleurs, vous êtes 57 % à n'avoir pas encore quitté le domicile familial, et la quasi-totalité à n'avoir pas d'enfant.
Vous êtes également une majorité assez importante à vivre dans une ville de moins de 20 000 habitants.
Vous êtes une population très hétérogène au niveau de votre fréquentation des boîtes.
En moyenne, cela fait 4, 2 ans que vous les fréquentez. Mais ces données sont très dispersées : pour certains, cela fait 15 ans ; pour d'autres, c'est une pratique toute nouvelle.
Même chose pour la fréquence à laquelle vous y allez : à la question "Combien de fois êtes-vous allé(e) en boîte lors des deux dernières semaines ?", vous avez répondu en moyenne 2,4 fois, mais vos réponses oscillent entre 0 et 10 fois : cette différence est énorme puisqu'elle porte sur une durée de 14 jours.
En revanche, vous êtes unanimes sur votre jour de sortie : pour la quasi-totalité, c'est le samedi qui est associé à vos sorties en boîtes.
Les sorties en boîtes semblent suivre certaines règles : on n'y va et on n'en sort pas à nimporte qu'elle heure, et on ne fait pas n'importe quoi avant, après et pendant.
Pour 81 % d'entre vous, la soirée débute entre 20 heures et 22 heures. Vous êtes 63 % à vous retrouver en privé entre amis avant votre sortie, tandis que 26 % n'ont pas d'activité particulière.
Puis vient le moment d'y aller. Pour 83 % d'entre vous, l'heure à laquelle vous allez en boîte se situe entre 23 heures et 1 heure du matin.
Et c'est parti, jusqu'au bout de la nuit, voire au petit matin : pour 76 % d'entre vous, vous ne sortez de boîte qu'à partir de 4 heures du matin, et pour 83 % d'entre vous, la soirée ne se termine qu'après cet horaire.
Et généralement, vous restez au même endroit. 66 % d'entre vous ne fréquentent qu "rarement" ou "jamais" plusieurs boîtes dans la même soirée.
Et après, dodo ? Pas forcément. Certes, une majorité – 63 %, soit près des deux tiers – rentre directement après la sortie de la boîte s'octroyer un repos bien mérité. Mais 18 % finissent la soirée entre amis, et 13 % terminent avec une personne rencontrée dans la boîte.
Et qu'y fait-on ? En général, comme dans beaucoup de lieux de loisirs ou de sorties, on y consomme. En moyenne, vous dépensez 20 € dans la boîte. Mais ici encore, il est difficile de résumer vos réponses avec cette seule moyenne car elles sont très dispersées : certains dépensent jusqu'à 100 €, et d'autres ne dépensent rien du tout.
Mais dans l'ensemble, c'est-à-dire pour les deux tiers d'entre vous, vous consommez de l'alcool dans la boîte. En fait, seulement 13 % n'en consomment pas du tout dans la soirée.
La sortie en boîte est une activité qui se pratique en groupe. En effet, ceux qui y vont seuls ou en couple sont très largement minoritaires. Près des deux tiers (63 %) y vont avec des amis qui ne sont pas des amis du travail ou des camarades de classe, et 13 % y vont en famille.
Ainsi, contrairement à ce qu'on aurait pu penser, les boîtes de nuit ne sont pas nécessairement des lieux de rencontre, et une légère majorité d'entre vous affirme ne jamais prendre l'initiative d'entrer en contact avec des inconnus, qu'il s'agisse de danser avec eux ou d'entamer une discussion.
Tout d'abord, sur quels critères se fait le choix des boîtes que vous fréquentez ? Pour 61 %, il se fait en fonction du style de la boîte ou de l'ambiance qu'on y trouve. Pour 34 %, il se fait en fonction de la musique qui y est passée.
La volonté de faire la fête et de décompresser vient au premier rang de vos motivations. Cette réponse correspond à la principale motivation de 61 % d'entre vous.
Puis la volonté de danser vient en tête des motivations secondaires avec 29 %.
Enfin, vous êtes 30 % à avoir placé la drague au troisième rang de vos motivations.
Nous rappelons qu'il était possible de donner à cette question trois réponses classées par ordre de préférence. A cet égard, il est étonnant de constater que si la drague est l'option de réponse la plus choisie pour la troisième motivation, elle est quasiment absente pour les premières et secondes motivations. Peut-être est-ce seulement un plus, quelque chose de secondaire mais d'appréciable, ou peut-être est-ce une réelle motivation non assumée ?
Par ailleurs, vous êtes 45 % à chercher à vous entourer de personnes du même âge que vous. 10 % recherchent davantage une compagnie plus âgée, et 45 % d'entre vous sont indifférents à cette question.
Notre enquête nous révèle un paradoxe bien mystérieux : bien que, nous l'avons vu, une légère majorité d'entre vous n'entreprend pas d'entrer en contact avec des inconnus en boîte par le biais de la danse ou d'une discussion, vous êtes 95 % à penser que les rencontres en boîte de nuit peuvent déboucher sur une relation amicale ou une relation amoureuse de courte durée. La boîte de nuit serait donc un endroit ou on n'établit pas de contact, mais on fait des rencontres ?
En revanche, vous n'êtes que 58 % à estimer qu'une rencontre peut déboucher sur une relation amoureuse de longue durée. Cela témoigne sans doute du caractère frivole et extra-quotidien, donc non propice à une relation stable, de l'univers des discothèques.
Quoi qu'il en soit, ces résultats nous montrent que les boîtes de nuit sont des lieux de sociabilité, propices aux nouvelles rencontres, mais qui n'engagent pas forcément quelque chose de concrêt.
Ce questionnaire nous a finalement permis de confirmer trois hypothèses de départ. Rappelons toutefois que le faible nombre de réponses fait que cette conclusion est toute relative et propre à la population interrogée.
Un grand nombre d'éléments nous permettent de confirmer cette hypothèse. Tout d'abord, la boîte de nuit est un lieu où l'on se rend accompagné, majoritairement avec des amis, elle permet alors de se regrouper, de consolider le groupe à travers les diverses pratiques caractéristiques des boîtes telles que la danse, l'écoute de la musique, etc.
D'ailleurs le fait de sortir entre amis en boîte n'est généralement qu'un moment d'une sortie entre amis, c'est-à-dire qu'elle s'accompagne souvent d'activités avant et/ou après la boîte de nuit.
La boîte de nuit est également un lieu où l'on peut faire des rencontres, en tout cs c'est une idée que presque tous conçoivent. Surtout que beaucoup d'entre vous aiment cottoyer des boîtes où la population est du même âge, et cet effet générationnel d'être ensemble dans une même ambiance, découter la même musique, amène à la possibilité de faire des rencontres.
En effet, beaucoup considèrent qu'une sortie en boîte peut déboucher sur une relation amicale ou une relation amoureuse, courte ou longue. D'ailleurs, la danse et la drague, qui sont deux pratiques amenant à une relation avec un inconnu en boîte, sont également les deuxièmes et troisièmes motivations pour se rendre dans ce lieu.
Cependant, cette idée majeure est en contradiction avec le fait qu'une petite majorité n'entame jamais de discussion ou ne danse jamais avec des inconnus.
La boîte de nuit est alors un lieu de sociabilité dans lequel se mêle une génération où l'on se partage l'envie de décompresser et de faire la fête.
Votre première motivation afin de se rendre en boîte est pour le plus grand nombre d'entre vous l'envie de faire la fête, de décompresser, de finalement rompre avec le quotidien, ce qui nous permet de confirmer notre hypothèse.
Le fait de se "lâcher" en discothèque se manifeste à travers plusieurs éléments. En premier lieu, beaucoup s'habillent différemment de leur vie de tous les jours, ce qui marque une coupure physique entre le train-train quotidien et la sortie en boîte. De plus, cette recherche de déshinibition est à mettre en lien avec le fait qu'une grande part d'entre vous consomme de l'alcool lors de ces sorties.
Les pratiques caractéristiques des boîtes en sont généralement un marqueur, comme le fait de danser, de rencontrer des inconnus...
Ainsi, la boîte de nuit permet en quelque sorte de ressentir une cetaine liberté et d'échapper aux contraintes et aux codes sociaux et quotidiens.
Cette hypothèse ne peut être infirmée ou confirmée car tout d'abord le nombre de réponses est limité, puis le paradoxe entre la proportion importante d'individus diplômés et la rareté des pratiques culturelles exercées par l'ensemble de l'échantillon limite la possibilité de conclure sur cette hypothèse.
En effet, très peu d'entre vous se sont rendus, durant les deux semaines ayant précédé le moment où vous avez répondu, et même les deux mois, dans des lieux culturels comme les musées, les concerts...
Alors, des formes de capital autres que le capital culturel sont mises en jeu. Comme nous l'avons vu dans la première hypothèse, le côté relationnel (avec des amis ou des inconnus) a une grande importance dans la fréquentation des boîtes de nuit.
Ce "capital relationnel" est d'ailleurs très important et il régit divers comportements propres ux boîtes comme le fait de se vêtir d'une manière particulière, de danser... Les attitudes et la place des individus dans les boîtes sont alors peut-être davantage une question de "capital relationnel" que d'autres critères comme le capital économique ou le capital culturel qui prévalent dans la vie quotidienne. Et tout l'intérêt des boîtes de nuit réside peut-être précisémment dans le fait que, pour le temps d'une nuit, elle fait sauter les déterminismes et les normes sociales.