RAPP🏀RT DE L'EN🏓UÊTE DE L'UNIVERSITÉ DE L🏋️‍LLE

Ce rapport d'enquête fait suite au questionnaire ci-contre : Lien pour le questionnaire


Introduction et conception de l’enquête

Le choix du sujet

Le sport, le corps et les jeunes sont des sujets souvent traités séparément par la sociologie. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’établir une enquête permettant de connecter ces derniers. Notre sujet de recherche va reposer sur la pratique sportive à l’école, et dans notre cas, le lycée. Le sport au lycée est un passage quasiment obligatoire pour tous les jeunes de 15-18 ans. C’est aussi l’âge de la puberté correspondant à une période de fragilité et de découverte de son corps et de celui des autres. Cette période de forte socialisation est abordée différemment par les jeunes selon différents critères que l’on va définir lors de l’enquête. Il est donc intéressant, en connectant ces trois champs, de rendre compte des pratiques liées au sport ainsi que de comprendre la manière dont chaque individu gère son corps face à autrui.

Mise en contexte et problématique

La sociologie du sport s’intéresse aux pratiques individuelles et aux représentations collectives. De manière globale, le sport est étudié par la sociologie comme instance de socialisation. Le sport est une activité durant laquelle l’individu va incorporer des manières de faire, de penser et d’agir en cohésion avec les normes et valeurs de la société. Les individus vont se comporter et se présenter face aux autres en cohérences avec ces normes et valeurs mais ce processus n'est pas intégré par tout le monde de la même façon et au même degré d’adhésion.

C’est ici qu’intervient la sociologie du corps car les individus ont une vision de leur propre corps et du corps des autres qui est régi par les représentations sociales du corps humain. Le corps est une problématique depuis longtemps travaillée par les sociologues, anthropologues et philosophes. Elle a été abordée sous différents angles. L’anthropologue Marcel Mauss dans son ouvrage Les techniques du corps s’interroge sur la manière dont les individus se transmettent les techniques du corps. Il définit les techniques comme étant des manières dont les individus se servent de leur corps : « J’entends par ce mot les façons dont les hommes, société par société, d’une façon traditionnelle, savent se servir de leur corps. ». Cette approche fait penser à celle de Nobert Elias dans La civilisation des mœurs car il s’intéresse à l’évolution des normes comportementales des hommes. En étudiant les traités d'étiquettes, il va définir la manière dont les individus refoulent progressivement tout ce qu’ils ressentent car cela relève de leur « nature animale ». De ce fait, les sentiments de honte, de gêne et de pudeur vont peu à peu s’intensifier et conduire à la formalisation de règles de conduite et donc à un accroissement de la gestion corporelle. Mauss s’intéresse davantage aux variations et divisions qu’il existe entre les différentes techniques du corps relatives au sexe, à l’âge. Il propose aussi une étude des techniques du corps au cours de la vie dans différentes activités à l’instar du sommeil, le repos, le mouvement, la consommation, la reproduction, les soins (maladie).

Notre sujet de recherche va reposer sur la pratique sportive au lycée. L’entrée dans l’adolescence témoigne d’une sorte de « crise identitaire ». Les lycéens, lycéennes se développent moralement et physiquement et se définissent et redéfinissent afin de trouver leur identité personnelle. Ils sont à un âge où ils cherchent à se détacher du monde familial et prennent de plus en plus pied dans l’âge adulte où les interactions avec les pairs sont sujettes à davantage d’attention. Ces attentions peuvent être notamment d’ordre physique, c’est-à-dire la manière dont ils vont gérer et représenter leur corps aux autres. Le but de notre sujet est donc, grâce à des données quantitatives issues d’un questionnaire, de comprendre comment dans un cadre obligatoire et discriminatoire qu’est l’école les lycéens et lycéennes gèrent l’exposition de leur corps. Notre sujet va donc mobiliser des connaissances dans la sociologie du sport, du corps et dans une moindre mesure la sociologie de l’éducation car notre objet d’étude est défini par l’institution qu’est l’école.

Les trois hypothèses de départ

Afin d’étudier les pratiques des individus et leur gestion de l’exposition de leur corps nous sommes partis de plusieurs hypothèses. Premièrement, les pratiques et la gestion du corps et l’appréciation de notre corps serai régi par des critères qui ne dépendent pas des choix de l’individu à l’instar du sexe et du milieu social. Deuxièmement, l’IMC (indice de masse corporel) et la perception qu’ont les individus de leur apparence peuvent être des indicateurs sur la manière dont les individus se sentent en cours de sport. Troisièmement, nous pensons qu’il existe un lien entre la position qu’occupe un individu dans la classe, ses relations avec ses camarades en dehors du lycée, et la position qu’il occupe en cours de sport.


Diffusion du questionnaire et regard sur l’échantillon

Notre questionnaire a été mis en ligne le 1er mars 2022 et les enquêtes ont été fermées le 15 mars 2022. Nous avons récolté 370 réponses mais nous avons dû en évincer 55 car le questionnaire n’était pas rempli ou alors c’était la même machine (téléphone, ordinateur, tablette) qui répondait plusieurs fois au questionnaire avec les mêmes réponses. Au total, on analyse notre enquête en s’appuyant sur 315 questionnaires complétés.

Le questionnaire a été diffusé de différentes manières. Le but était d’avoir comme profil d’interrogés un maximum de lycéens. Cependant, le questionnaire a été travaillé de telle manière qu’il permettait aux adultes de répondre en fonction de leurs souvenirs au lycée. La seule condition pour répondre au questionnaire était donc d’avoir été au moins une fois au lycée dans sa vie. Le questionnaire a donc été diffusé sur des groupes Facebook de lycées, il a été diffusé dans via la pronote du lycée Jessé Forest d’Avesnes-sur-Helpe et aussi l’environnement proche des sondeurs. Nous savons donc que notre échantillon n’est pas représentatif de la population française ou encore d’une population lycéenne. Les résultats que l’on va dégager lors de cet exercice fonctionnent pour cet échantillon par pas forcément un autre. Les résultats ne pourront donc pas être généralisables à la population française.


Description des profils de notre échantillon

Genre des interrogés

En préambule de l’analyse des réponses sur la perception du sport, il est nécessaire de s’interroger sur le type de population qui a répondu au questionnaire. Quel est leur genre, leur âge, et leur milieu social ? En premier lieu, le genre des interrogés possède une répartition spécifique qui ne représente pas celle de la population française. En effet, les femmes sont ici sur-représentées car d’après les données de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), en janvier 2022, le territoire français compte environ 51,7% de femmes pour 48,3% d’hommes. Hors ici, nous avons 65,4% de femmes pour 26,03% d'hommes. L’enquête de l’INSEE ne prend pas en compte les autres genres existants. Lors de nos analyses suivantes nous n’allons pas non plus nous occuper de la catégorie “autre” car elle représente une faible part des interrogés (8,57%).

Âge des interrogés

Comme souhaité, l’âge des interrogés correspond à une population jeune. La boîte à moustache est concentrée vers la gauche, c’est-à-dire qu’une majeure partie des personnes interrogées sont jeunes. En effet, 50% des personnes interrogées ont entre 17 et 21 ans. De plus, 57% des interrogés ont déclaré être actuellement au lycée. Tandis que la moustache à droite de la boîte est, quant à elle, très longue et indique un dispersement important des valeurs.

Boite à moustache des âges

Milieu social des interrogés

Nous avons effectué un tableau mettant en lien la catégorie professionnelle du premier parent avec le second afin d’établir le milieu social global des enquêtés. On observe une large part d’enfants dont les parents sont dans la catégorie “cadres et professions intellectuelles supérieures”,”professions intermédiaires” et “employés”. En effet, parmi les enquêtés 10,7% ont les deux parents issus de la catégorie “cadres et professions intellectuelles supérieures” et 11,8% ont les deux parents issus de la catégorie “employés”.

Tableau de la catégorie professionnelle des parents des enquêtés

IMC des interrogés

L’indice de masse corporelle ou encore l’IMC est une grandeur qui permet d’estimer la corpulence d’une personne en fonction de sa taille et de son poids. L’IMC s'exprime en kg/m² . Nous avons donc demandé la taille et le poids des interrogés au lycée afin de calculer l’IMC par nous même. L’intérêt de le calculer est qu’il permet, grâce au tableau ci-dessous, d’évaluer les risques de sous-nutrition et surnutrition.

IMC (kg/m²) Interprétation
Moins de 16,5 Dénutrition
16,5 à 18,5 Maigreur
18,5 à 25 Poids normal
25 à 30 Surpoids
30 à 35 Obésité modérée
35 à 40 Obésité sévère
40 et plus Obésité morbide ou massive

Nous avons établi un tableau représentant l’IMC des interrogés en réduisant le champ de précision. Ainsi, nous avons construit trois classes avec des IMC : inférieurs à 18,5; entre 18,5 et 25 et supérieurs à 25. On constate que 65,7% des interrogés ont un IMC de "poids normal". En revanche, 34,3% des interrogés sont soit en dessous soit au dessus du poids normal.

IMC des interrogés

Existence d'un certain malaise en sport au lycée

Un goût nuancé pour le sport

Le goût est une des premières notions du concept d’habitus chez Pierre Bourdieu. L’habitus est un concept que Bourdieu définit à la fois comme « des structures structurées », c’est-à-dire des produits de l’incorporation et de l’intériorisation de règles ou de goûts généralement inconscients et lié à notre socialisation en lien avec notre proposition dans l’espace social, et « des structures structurantes », organisatrices de pratiques. Le goût renvoie à des styles de vie caractéristiques de certains milieux sociaux. Il y a différents espaces de sociabilité et donc de socialisation qui déterminent les goûts. Les goûts sont alors aussi vecteurs d’intégration sociale.

Le sport au lycée est probablement l'un des cours les plus sous-estimés du programme scolaire, mais c'est l'un des cours qui éduque le plus les élèves du point de vue de leur relation avec leur propre corps et de leur jugement superficiel sur les autres. Comme nous l’avons vu précédemment, le sport est une grande instance de socialisation et donc d’intégration sociale.

Parmi les différentes questions posées dans notre questionnaire, nous avons sélectionné celles qui, à notre avis, résument le mieux l'opinion des lycéens sur les cours de sport et surtout l'impact psychologique que la fréquentation de ces cours a eu sur la considération de leur propre apparence physique. Voilà pourquoi dans un premier temps nous allons nous intéresser au goût qu'ont les individus pour le sport.

Nous pouvons constater que l'appréciation générale du sport est très variable ; en effet, 71% des interrogés ont une bonne appréciation du cours de sport au lycée, 8,7% en ont une appréciation neutre et 20,3% des interrogés en ont une mauvaise appréciation. Ce 20% n’est pas négligeable dans un échantillon comptant 315 interrogés. De plus, on peut se demander ce que signifie vraiment l’appréciation neutre chez un individu. La question est de savoir s’ils en ont une appréciation neutre car ils n'en pensent effectivement rien ou alors si leur opinion est neutre car le sport au lycée alterne entre bon et mauvais moments.


Un problème qui va au-delà du goût ?

Nous avons demandé aux individus de choisir parmi une liste de mots ceux qui caractérisent le plus le sport au lycée selon eux. Ensuite nous leur avons demandé de les classer de 1 à 3 avec le premier mot comme jugé le plus caractéristique. Si on établit un nuage de mots illustrant les mots les plus fréquents, on s’aperçoit que le mot “contrainte” apparaît à 11,5%. Le premier mot le plus choisi est le “dépassement de soi” qui apparaît avec un pourcentage de 18,8%. Cette question sur l’appréciation générale du sport et les mots utilisés pour qualifier ce dernier permet de poser les bases sur les problématiques que les individus rencontrent en cours de sport. En autres, qu’est-ce qui conditionne cette mauvaise opinion ? Parallèlement, qu'est-ce qui privilégie une bonne opinion du sport au lycée ou d’un sport en particulier ?

Nuage de mots sur les caractérstiques du sport

De plus, l’appréciation qu’ont les individus pour le sport semble avoir des répercussions sur la pratique de ce dernier. Le mot “contrainte” apparaît de manière non négligeable et le graphique sur le taux d’absentéisme en cours de sport montre que 24,12% des interrogés sèchent volontairement les cours de sport: peu à 16,19% et souvent à 7,93%. Cependant, les cours de sport au lycée font partie des cours les plus populaires, probablement parce qu'ils permettent d'échapper à d'autres cours plus théoriques. En effet, 75,56% des répondants ne s'absentent jamais ou très peu.

Le graphique sur l'absentéisme en fonction de l’appréciation en sport révèle davantage de précision sur l’origine des absences volontaires en cours de sport. Effectivement, le graphique montre que plus l’individu n’a pas une bonne appréciation du sport au lycée plus il va s’absenter en cours de sport. Par exemple, 56,3% des individus ayant une mauvaise appréciation du sport vont s’absenter, dont 26,6% vont s’absenter très souvent. Nous pouvons voir que cette relation est significative car la p-value est inférieur à 0,05 (voir l’annexe sur le Khi-deux).

L'absentéisme en cours de sport en fonction de l'appréciation de ce dernier

Première hypothèse : importance prédictive des variables sociodémographiques

Des pratiques genrées: le rôle de la socialisation

Appréciation des différents types de sports pour les femmes Appréciation des différents types de sports pour les hommes

Dans les graphiques concernant les différents types de sport, on peut voir que les préférences sportives des hommes et des femmes sont assez similaires, à l'exception de certaines activités comme l'expression corporelle, davantage privilégié par les femmes, et la course, davantage pratiquée par les hommes. Il s'agit évidemment de différences qui nous font réfléchir sur la façon dont, par exemple, les hommes ne se sentent pas à l'aise pour s'exprimer en utilisant leur corps en raison d'une limitation imposée principalement par la société.

Pour le reste, l'ordre des activités dans le graphique est presque identique, les sports collectifs sans contact et la musculation restant les préférés des deux catégories interrogées. Les principaux sports pratiqués au lycée qui font partie du groupe des sports collectifs sans contact sont, par exemple, le volley-ball, un sport qui jouit d'une renommée internationale tant sur la scène masculine que féminine ; ce n'est pas un hasard, mais cela renforce la thèse selon laquelle les opinions sportives sont fortement conditionnées par la façon dont le sport est perçu au niveau compétitif.

Appréciation des sports d'expression corporelle au lycée en fonction du sexe Appréciation de la course au lycée en fonction du sexe

Les deux graphiques ci-dessus permettent de mettre en évidence deux sports à priori genrés: la course et l’expression corporelle. La course semble être davantage un sport masculin puisque 69,1% des hommes ont une bonne appréciation de la course au lycée contre seulement 41,9% des femmes. A l’inverse, l’expression corporelle est appréciée à 63,8% par les femmes contre 29,5% par les hommes. Il est intéressant de s'attarder sur l’opinion qu’ont les deux sexes sur l'activité la moins aimée. On constate que le nombre de femmes qui ont une opinion positive de la course à pied est supérieur au nombre d'hommes qui pensent la même chose de l'expression corporelle.

Ces différences peuvent s'expliquer par le fait que chacune des deux classes sexuelles possèdent ses propres modes de relations sociales, ce qui contribue d’ailleurs à les renforcer. De plus, un certain nombre de dispositifs institutionnels renforcent aussi ces différences. Pour le sociologue Erving Goffman, l’identité de genre constitue l’une des sources d’auto-identification les plus profondes. Le genre est une conséquence sociale et non pas biologique du fonctionnement de la société même si ses effets n’en sont pas pour autant moins réels. Goffman nomme "des comportements de genre" qui sont le produit de représentations et de pratiques institutionnelles profondément enracinées. Il met en lumière que c’est l’organisation sociale qui permet de comprendre tout un ensemble de différences dans l’expérience sociale des hommes et des femmes.

Dans son ouvrage Gender Advertisements, il décrypte des publicités afin de montrer de mettre en lumière des petits comportements liés au sexe social. À travers cette étude, il a pour objectif de découvrir les expressions considérées comme « naturelles » de la féminité et de la masculinité dans la mesure où ces photos lui permettent d’accéder à des représentations d'une conception idéale des deux sexes et de leurs relations. Ainsi, l’expression corporelle pour la femme est “naturelle”, cela renvoit à la grâce et la délicatesse. Tandis que la course est davantage un sport de compétition dans lequel il faut prouver son endurance, sa force. Ce sont des qualités souvent plus attendues chez les hommes. Une femme qui aime la course n’est pas blâmée mais un homme qui apprécie l’expression corporelle n’est pas perçu comme un “véritable homme”, sa masculinité est remise en question.

Attitudes de déshabillage et habillage dans les vestiaires en fonction du sexe

Le sexe d'un individu modifie ses habitudes et son comportement en matière d'habillement et d'apparence du corps. Les deux derniers graphiques que nous allons analyser se concentrent sur ces aspects.

Dans le premier graphique, nous constatons que ce sont les femmes qui sont plus sujettes à l'insécurité par rapport à leur propre corps car les standards de beauté classiques qui sont transmis tous les jours sous forme de publicité ou que l'on trouve habituellement sont encore très centrés sur une vision de la femme comme objet. Cela conduit les étudiantes à rechercher des normes impossibles à atteindre et, par conséquent, à développer un fort sentiment d'inadéquation lorsqu'il s'agit de montrer leur corps dans un vestiaire. Le fait qu'il ne soit peuplé que de femmes ne fait aucune différence car, souvent, les personnes qui ont tendance à juger le plus sont les pairs. De plus, la socialisation qu’ont vécu les femmes depuis leur plus tendre enfance les incite à rester pudique.

Les hommes, comme nous le voyons, souffrent de la même chose, pratiquement 40% des étudiants masculins ont les mêmes préoccupations lorsqu'il s'agit de se changer. Cela s'explique par le fait que, bien que moins écrasante, la vision de l'homme grand et musclé reste encore la vision partagée pour définir un homme attirant.

Satisfaction de sa morpholohie en fonction du sexe

Les résultats concernant la satisfaction de la morphologie indiquent que la majorité des étudiants, quel que soit leur sexe, sont satisfaits de leur morphologie. En effet, 43,5 % des femmes sont satisfaites pour 42,5 % pour les hommes. Ainsi le sexe n’est pas déterminant dans le taux de satisfaction de son propre corps, la p-value n’est pas significative car elle est largement au dessus des 5% admis.

En revanche, il n'en reste pas moins que près de 29% des femmes interrogées ne sont pas satisfaites de leur morphologie et que les hommes ne sont pas loin derrière avec 26,3% . Cela indique qu'il y a certainement encore beaucoup de travail à faire en ce qui concerne l'acceptation de son propre corps dans un environnement sensible comme un lycée.

Le milieu social peu influent

Satisfaction de sa corpulence en fonction de la catégorie professionnelle du parent 1

Une de nos premières hypothèses reposait sur le fait que le milieu social du lycéen pouvait expliquer sa manière de pratiquer le sport et sa manière de percevoir son corps et celui des autres. Cependant, en établissant un graphique sur la satisfaction de sa corpulence en fonction de la catégorie professionnelle du parent 1, on se rend compte que le test n’est pas du tout significatif (p >0,05). En effet, la vision de son propre corps ne dépend pas de notre milieu social. De même, nous avons effectué d’autres tests sur l’attitude en cours de sport en fonction de la catégorie professionnelle du parent 1 et tous les tests montraient qu’il n’y avait aucun lien entre le milieu social et les pratiques et gestions du corps de l’individu.


Deuxième hypothèse : pratiques sportives au lycée conditionnées par la vision du corps

Attitude en sport corrélée avec l’intégration lors de la formation des groupes

L’attitude de l’individu en cours de sport conditionne son intégration au groupe et sa relation avec les autres. Le graphique montre que plus on est timide plus on a de chance d’être choisi en dernier à 28,8% et à l’inverse, plus l’on est sociable, plus on est choisi en premier à 28,7%.

Attitude en sport en fonction de la position occupée lors des cours de sport

Attitude en sport corrélée avec la vision du corps

Le graphique de la perception de la morphologie en fonction de l’IMC montre qu’un individu avec un IMC dans la catégorie "poids normal" ou en dessous est satisfait à environ 50% de sa morphologie. Actuellement, les canons de beauté sont les personnes minces voir maigres ainsi, bien que les personnes sont en dessous du poids normal elles jugent leur corps de manière bien plus positive que les personnes à l’IMC supérieur à 25 kg/m² qui sont insatisfait de leur morphologie à 68,8%.

Perception de la morphologie en fonction de l'IMC Attitude de déshabillage et habillage dans les vestiaires en fonction de la satisfaction de sa morphologie

Dans la continuité, on observe que la perception qu’un individu a de son corps va fortement influencer ses pratiques et la manière de se présenter aux autres. Les individus qui se changent sans faire attention aux autres sont ceux qui sont satisfaits à 61,9% de leur morphologie. Les individus qui se changent en cachant leur corps sont ceux qui sont insatisfaits à 41,9% de leur morphologie.

Dans l'ouvrage, de la philosophe des pratiques corporelles Isabelle Queval, nommé Le corps d'aujourd'hui, l'auteure explique que le corps implique trois catégories: “sentir, faire, voir et être vu”. Ces trois catégories sont effectuées par l’individu en fonction des traditions européennes des canons de beauté. La première catégorie “sentir, faire” est bloquée entre deux visions et le processus peut se révéler totalement différent selon s’il l’on s’attache au primat de la sensation ou au primat de la construction. La sensation étant ce que ressent de “bon” ou “mauvais” l’individu pour son corps et la construction est relative aux constructions sociales de ce qu’est un “corps sain”. Les deux dernières catégories “voir” et “être vu” sont les catégories de l’apparence, de l’image qui nous individualise ou qui nous rattache à un groupe. Isabelle Queval montre que chez les adolescents le “voir” est révélateur du “milieu socioculturel, de la personnalité, de la volonté” [Queval, 2008 p.76] . Notre enquête montre que les individus qui pensent ne pas répondre aux critères des canons de beauté seront alors moins satisfaits de leur morphologie car ils pensent ne pas répondre aux constructions sociales du corps. Puis, ces mêmes individus se cachent car ils ressentent de la honte à montrer quelque chose, ici en l'occurrence leur corps, qui ne rentre pas dans les normes établies. Dans le cadre du sport, cette image est encore plus forte puisque le sport révèle un “une force d’inertie devenue pivot des représentations du corps efficace, du corps en forme", du corps opérationnel” [Queval, 2008, p.193].


Troisième hypothèse : lien intrinsèque entre position sociale dans la classe et position en cours de sport au lycée

Impact de l’implication en classe en lycée sur l’implication en cours de sport

Nous allons maintenant essayer de tester notre dernière hypothèse qui montre un lien entre l’attitude et la position sociale en classe des lycéens et l’attitude et la position sociale en cours de sport au lycée. Les deux graphiques ci-dessous montrent un lien très fort entre l’implication en cours de sport en fonction de son implication en classe. Dans les matières que les lycéens apprécient peu, les lycéens qui s’investissent en classe seront aussi investis en sport à 92,1% et les lycéens moins investi en classe seront aussi moins investi en sport à 67,8%. Dans les matières que les lycéens apprécient,les lycéens investis en classe le sont aussi en sport à 87,2%. En revanche, les lycéens qui s’investissent peu en classe même dans un cours qu’ils apprécient s’investissent peu aussi en sport à 42,9%.

Implication en cours de sport en fonction de l'implication en classe dans une matière que l'on apprécie peu Implication en cours de sport en fonction de l'implication en classe dans une matière que l'on apprécie

Attitude et entourage social déterminant et indicateur du « bien-être » en sport


Attitude en classe en fonction de l'attitude en sport

L'être humain étant un animal social, il est nécessaire de prendre en compte la variable de la sociabilité, il est encore plus important de la prendre en compte dans un environnement comme celui du lycée, où se créent les premiers mécanismes sociaux évolués et où les jeunes ont souvent du mal à trouver leur position socialement confortable.

La corrélation entre l'attitude en classe et l'attitude en sport nous donne une image claire de la façon dont la "popularité" et la façon dont un lycéen se présente a un impact direct sur son attitude même pendant les cours de sport. Être sociable et avenant en classe se traduit par le même comportement dans le sport à 76% et que les comportements timides se reflètent de la même manière à 60,8%.

Position occupée en cours de sport en fonction du nombre d'amis

Le même argument peut facilement être appliqué lorsqu'on examine le nombre d'amis, qui est une indication de la bonne intégration ou non d'une personne dans l'environnement social de lycée. Ainsi, lorsqu’un individu possède un petit cercle d’amis (1 à 3 amis) il a 45% de “chance” d’être choisi parmi les derniers lors de la constitution des groupes. En revanche, lorsqu’un individu possède un grand cercle d’amis (7 ou plus) il n’est choisi en dernier qu’à 24,2%.


Conclusion et limites de l'étude

Des pratiques et une gestion du corps héritée de l’éducation ?

Notre enquête nous a permis de rendre compte d’un certain nombre d’éléments concernant le sport obligatoire à l’école pour les jeunes. Pour conclure, aucune des trois hypothèses n’est véritablement dominante. Le sexe est une variable qui distingue les individus sur leurs pratiques sportives et moins sur leur perception du corps. Quant au milieu social des interrogés, nous avons montré qu'il ne révélait rien concernant les pratiques et à la gestion du corps des individus. Cependant, il aurait été intéressant de se pencher davantage sur l’éducation des enfants afin de voir dans quel genre de rapport au sport et au corps les parents les ont habitués. Bien que l’éducation soit aussi structurée par le milieu social, c'est un champ plus précis où les individus peuvent davantage faire de choix. La deuxième hypothèse montre qu’il y a bien un lien entre comment se sent l’individu dans son corps et sa manière de se présenter face aux autres. La dernière hypothèse est aussi vérifiée puisque la manière de se comporter en sport est proche de celle en classe et le nombre d’amis détermine fortement notre taux d’intégration dans un groupe et notre capacité à se révéler à ce dernier. La question finale est de savoir maintenant laquelle des trois hypothèses prédomine les deux autres. Pour répondre à cette question il faudrait établir une nouvelle enquête affinant la précision des questions et prenant en compte d’autres variables intéressantes à l’instar de l’éducation.

Limites de l’enquête

Pour répondre entièrement aux questions posées, il aurait fallu que notre questionnaire comporte davantage de questions. Plus de questions sur le regard des autres auraient été le bienvenu afin d’analyser les rapports qu’entretiennent les interrogés avec les autres.

De plus, nous avons rencontré plusieurs problèmes lors de la récolte et de l’analyse de nos données. En effet, lors de l’écriture en langage de description HTML, nous avons pour la question sur l’appréciation générale du sport transformer la modalité “plutôt pas” en “plutôt bien”, ce qui fait que la modalité “plutôt bien” apparaît deux fois plutôt qu’une. Étant donné que le format questionnaire est un format très restreignant pour l’interrogé nous avons décidé de mettre une constellation de modalités de réponses afin que ce dernier puisse exprimer au mieux ces pratiques et ressentis. Quitte, d'ailleurs, à rassembler ces modalités lors de l’analyse. Ainsi, la mauvaise écriture de notre langage a pu entraîner des réponses erronées. Cependant, on ne pourra jamais véritablement le savoir puisque c’est les risques d’un questionnaire en ligne: la personne peut cliquer à côté, rentrer la mauvaise valeur (pour le poids et la taille par exemple) et caetera.

En ce qui concerne notre échantillon plusieurs remarques sont à établir. Premièrement, le fait qu’il y ait plus de femmes qui aient répondu au questionnaire peut être interprété à l’aide de leur habitus. En effet, de part leur éducation, leur socialisation les femmes sont plus à même de prendre le temps de répondre à un questionnaire. Cependant, cela reste des suppositions, il faudrait faire une enquête poussée avec un véritable échantillon représentatif pour confirmer cette hypothèse. Le fait d’avoir une surreprésentation des femmes nous a permis d’avoir une précision dans les graphiques établis, en revanche pour les hommes les graphiques étaient sûrement moins précis. Deuxièmement, en ce qui concerne le milieu social des individus, il était relativement homogène et cela peut s’expliquer par les techniques de diffusion de l’enquête qui s’est répandu parmi des groupes sociaux relativement proches.

Pour finir, nous avons reçu plusieurs critiques de la part des interrogés dans l’espace “commentaires”. Premièrement, la lecture des questions était difficile car on avait mis du passé, du présent et on a utilisé l’écriture inclusive. Donc pour des longues questions, cela rendait la lecture compliquée. Vient s’ajouter à ça des questions parfois mal tournées qui ont pu déstabiliser les interrogés. Ainsi, la façon de tourner les questions et de les rendre tangibles sont les plus grandes problématiques des enquêtes par questionnaire. Nous savons désormais que si cela est à refaire toutes ces critiques seraient à prendre en compte afin de nous améliorer.


Bibliographie


Annexe

Le khi deux : le test du khi deux est une méthode utilisée en statistiques inférentielles. Il permet de partir d’une hypothèse et d’un risque supposé au départ (p-value) et de rejeter l’hypothèse si l’écart entre les deux ensembles est jugé excessif (p-value > 0,05). L’hypothèse est acceptée si la p-value est donc inférieure à 5%. Selon les études la valeur de cette p-value varie mais en sociologie le pourcentage souvent admis est 5%.

Méthodes et logiciels utilisés: Le Sphinx IQ2 est un logiciel permettant de créer des interrogés et d'analyser les données récoltées. Une majorité des graphiques a été réalisée grâce à ce logiciel. Le site a été écrit en HTML et CSS conforme au W3C.