Rapport final
Les différences de politisations cognitives

Introduction

1.1 Rappel et choix du sujet : La politisation cognitive.



Le sujet de notre étude se concentre sur la politisation cognitive, un concept qui renvoie à la connaissance et à la compréhension des acteurs politiques et des institutions politiques par les individus. C'est un sujet particulièrement pertinent pour la sociologie, car il permet d'examiner comment les individus se situent par rapport au monde politique et comment cette connaissance est façonnée par une multitude de facteurs sociaux

1.2 Problématique et hypothèses


Notre problématique principale porte sur l'influence de divers facteurs socio-économiques, familiaux et personnels sur le degré de politisation cognitive des individus. Nous avons formulé plusieurs hypothèses pour guider notre recherche, y compris l'idée que le genre, le contexte d'étude, le revenu parental et la socialisation familiale peuvent tous avoir un impact significatif sur la politisation cognitive.

1.3 Description du travail effectué


Dans le cadre de mon cursus universitaire en sociologie quantitative, j'ai choisi d'explorer la thématique de la politisation cognitive, guidé par le sociologue Jean-Michel Wachsberger. Ce sujet n'est pas arbitraire ; il est le reflet de questionnements personnels préexistants. Pour nourrir ma réflexion, j'ai effectué une recherche documentaire exhaustive, embrassant divers types de sources et langues. Ma lecture, active et critique, a permis une prise de notes rigoureuse, essentielle à la construction de mon enquête. Respectant les contraintes académiques et temporelles, j'ai mené une enquête équilibrée et rigoureuse, visant l'accumulation de connaissances pertinentes. J'ai ensuite conçu et diffusé un questionnaire, dont les données recueillies ont été soumises à une analyse statistique approfondie pour tester nos hypothèses.

1.4 Plan


Le reste de ce rapport se déroule comme suit. Dans la partie 2, nous détaillons notre processus de collecte de données et présentons une description statistique de notre échantillon. Dans la partie 3, nous discutons de nos résultats en termes de l'influence des facteurs sur la politisation cognitive. Enfin, dans la conclusion, nous résumons nos principaux résultats, répondons à notre problématique et discutons des intérêts et limites de notre travail.

Description et Analyse Statistique

2.1 Diffusion du questionnaire



La conception de l'étude a abouti à la création d'un questionnaire qui a été largement diffusé par divers canaux de communication. Sur une période de deux semaines, le questionnaire a recueilli un total de 466 réponses. Cette quantité de données a été possible grâce à une mobilisation intensive de divers réseaux, petits et grands, ainsi qu'à l'exploitation stratégique des médias sociaux pour toucher un public plus large et encourager une participation plus importante.



2.2 Description de la population

L'analyse démographique de l'échantillon de l'enquête révèle une majorité d'hommes parmi les participants, avec 292 hommes contre 156 femmes. Cela soulève des questions sur la représentativité équilibrée des sexes dans l'étude. En ce qui concerne l'âge, l'échantillon montre une moyenne de 24 ans, avec une distribution équivalente entre les hommes et les femmes, ce qui suggère une homogénéité des participants en termes de sexe et d'âge.


2.3 Présentation des données générales

L'enquête a également visé à recueillir des informations sur la catégorie socio-professionnelle d'origine des participants, en demandant à la fois la profession du père et de la mère. Les pères de l'échantillon sont principalement des cadres supérieurs du secteur privé, suivis d'ouvriers et d'employés. Cette distribution dénote une diversité des milieux sociaux d'origine des participants. Les professions intermédiaires, tant dans le secteur public que privé, ainsi que les professions libérales sont également bien représentées.

Concernant les mères des participants, la majorité sont employées, ce qui représente plus d'un quart de l'échantillon total. Les professions intermédiaires du secteur public sont également bien représentées. On constate également un taux élevé de mères sans profession ou emploi déclaré, ce qui pourrait indiquer une inactivité professionnelle notable.


Au regard du niveau d'éducation des pères dans notre échantillon, nous constatons une prédominance des détenteurs d'un diplôme "Bac+5 et plus" (26,18%), suivis de ceux ayant obtenu un "CAP BEP BEPC" (21,89%). Les pères sans diplôme forment 12,45% de notre échantillon.

Quant aux mères, les détentrices d'un diplôme "Bac+5 et plus" se positionnent également en tête (19,22%), mais elles sont talonnées de près par celles ayant un diplôme "Bac+2" (19,01%). Les mères sans diplôme représentent quant à elles 12,10% de l'échantillon.

Ces statistiques révèlent une divergence notable dans le niveau d'éducation entre les pères et les mères, avec une proportion légèrement supérieure de pères ayant un diplôme "Bac+5 et plus" en comparaison avec les mères. Ce constat pourrait signaler une disparité de genre dans l'obtention d'un niveau d'éducation élevé. En outre, il est important de noter que notre échantillon met en lumière une surreprésentation des diplômés "Bac+5 et plus". En effet, selon les données de l'INSEE pour l'année 2021, environ 18% de la population française âgée de 25 à 64 ans était titulaire d'un diplôme de l'enseignement supérieur de niveau "Bac+5 et plus". Ainsi, il existe un écart significatif entre la composition de notre échantillon et la réalité de la population de référence.

La présence marquée de parents sans diplôme dans notre échantillon pourrait également influencer le niveau de politisation de leurs enfants, étant donné que diverses études ont démontré l'impact du niveau d'éducation des parents sur la politisation de la progéniture.

En scrutant ce diagramme, nous pouvons tirer plusieurs conclusions pertinentes pour notre enquête sociologique.

Comparaison entre les revenus des pères et des mères :

L'écart de revenus entre les pères et les mères est manifeste. Presque un tiers des pères (29,37%) disposent d'un revenu mensuel supérieur à 3000 euros, contre seulement 11,88% des mères. Ce constat suggère une différenciation de revenus fondée sur le genre.

Par ailleurs, les mères sont plus susceptibles de toucher un salaire mensuel inférieur au SMIC, avec 12,96% d'entre elles dans cette situation, contre 7,78% des pères. Cette observation confirme la disparité de revenus selon le genre dans notre échantillon.

La tranche de revenus la plus représentée, tant pour les pères (35,42%) que pour les mères (36,72%), est celle située "Entre Smic et 2000 euros". Cette prédominance de revenus modestes à moyens est un indicateur précieux de la composition socio-économique de notre échantillon.

Comparaison avec la moyenne nationale :

Lorsqu'on compare ces observations avec la moyenne nationale (en 2021, le salaire net moyen en France était d'environ 2250 euros par mois, selon l'INSEE), une divergence se fait jour. Une part significative de pères (29,37%) et de mères (11,88%) dans notre échantillon bénéficie d'un salaire nettement supérieur à la moyenne nationale. Cet écart est probablement dû à un biais de sélection inhérent à notre échantillon : la plupart des personnes interrogées sont étudiantes en médecine, un cursus qui attire souvent des individus issus de milieux socio-économiques favorisés.

Variabilité des données :

La variabilité des revenus dans notre échantillon est notable, avec une distribution s'étendant d'"En dessous du Smic" à "Plus de 3000 euros". Cette large répartition des revenus pourrait témoigner d'une volatilité significative au sein de notre échantillon.

En définitive :

Notre échantillon, malgré sa possible sur-représentation de revenus élevés, est suffisamment diversifié pour enquêter sur l'impact de l'origine sociale sur la politisation. Les disparités de genre observées dans la distribution des revenus constituent un autre facteur à prendre en compte lors de l'analyse des données. Bien que notre échantillon ne soit pas nécessairement représentatif de la population française dans son ensemble, il nous offre un aperçu précieux de la relation entre l'origine sociale et la politisation au sein d'une population spécifique. Cette démarche ne cherche pas à généraliser à toute la population française, mais plutôt à tirer des enseignements d'un échantillon précis.

En tenant compte de l'hypothèse que les différences de politisation cognitive varient en fonction du lieu d'études, ce graphique ci-dessus fournit des informations clés pour examiner cette question. En effet, la répartition des participants selon leur domaine d'études permet de vérifier si l'échantillon contient une diversité suffisante pour examiner l'effet potentiel du domaine d'études sur la politisation cognitive.

Les domaines d'études sont variés, allant des sciences et technologies à la santé, en passant par les sciences humaines et sociales, les lettres, les langues, l'art, l'économie et la gestion, le droit et les sciences politiques, le sport, et ceux qui n'ont pas poursuivi d'études. Cette diversité est essentielle pour examiner l'hypothèse, car elle permet de comparer les niveaux de politisation cognitive entre différents groupes d'étudiants.

Cependant, la distribution inégale des participants entre les différents domaines pourrait limiter la capacité à tirer des conclusions solides. Par exemple, le faible nombre d'étudiants en sport ou en droit et sciences politiques pourrait limiter la puissance statistique pour détecter des différences significatives dans la politisation cognitive entre ces groupes et les autres.

De plus, la présence notable d'individus n'ayant pas poursuivi d'études (7,73%) offre une occasion intéressante de comparer la politisation cognitive de ceux qui ont reçu une éducation formelle à celle de ceux qui n'en ont pas reçu.

En définitive, cet échantillon semble convenir pour examiner l'hypothèse, grâce à la diversité des domaines d'études représentés. Cependant, la distribution inégale des participants entre les domaines d'études et le nombre limité de participants dans certains domaines sont des facteurs à prendre en compte lors de l'interprétation des résultats.

Le diagramme ci-dessus illustre la fréquence à laquelle les pères et les mères de notre échantillon s'engagent dans le suivi des débats et de l'actualité politique, une variable qui nous sert d'indicateur de leur politisation cognitive. L'analyse de ces données révèle des tendances notables qui suggèrent une variation de la politisation cognitive en fonction du genre.

Premièrement, les données indiquent que les pères ont tendance à être plus engagés dans le suivi des débats et de l'actualité politique par rapport aux mères. Précisément, 22,68% des pères suivent l'actualité politique plusieurs fois par mois, contre 21,81% des mères. De plus, 22,25% des pères s'informent plusieurs fois par semaine, un pourcentage nettement plus élevé que les 17,06% observés chez les mères. Il est également à noter que 15,98% des pères suivent l'actualité politique quotidiennement, un taux deux fois plus élevé que celui des mères (7,99%).

Deuxièmement, une proportion plus conséquente de mères semble moins impliquée dans le suivi de l'actualité politique. En effet, 21,38% des mères admettent ne jamais s'informer sur la politique, un taux presque deux fois plus élevé que celui des pères (11,23%).

Ces tendances semblent indiquer que les pères sont généralement plus politisés, du moins en termes de suivi régulier de l'actualité politique, que les mères de notre échantillon.

Ainsi, bien que ces données indiquent certaines disparités en fonction du genre dans le suivi de l'actualité politique, une étude plus approfondie serait nécessaire pour saisir pleinement l'impact du genre sur la politisation cognitive. Nous explorerons ces approfondissements dans la partie 3 de notre analyse inférentielle.

Ce diagramme ci-dessus illustre la fréquence à laquelle les pères et les mères expriment des opinions politiques lors de conversations familiales, ce qui pourrait être considéré comme une autre mesure de la politisation cognitive. Les tendances observées dans ces données soutiennent en partie l'hypothèse d'une différence de genre en termes de politisation cognitive.

Premièrement, une proportion plus importante de pères exprime des opinions politiques plusieurs fois par mois (28,94%) et plusieurs fois par semaine (18,36%) comparativement aux mères (20,09% et 15,33% respectivement). De plus, 8,42% des pères expriment des opinions politiques tous les jours, contre seulement 4,32% des mères.

Deuxièmement, une proportion plus élevée de mères déclare ne jamais exprimer d'opinions politiques lors de conversations familiales (24,84%) par rapport aux pères (16,63%).

Ces tendances peuvent suggérer que les pères sont généralement plus susceptibles d'exprimer des opinions politiques lors de conversations familiales, ce qui pourrait être interprété comme une manifestation de leur plus grande politisation cognitive. Cependant, comme pour le suivi de l'actualité politique, ces tendances pourraient être influencées par divers facteurs sociaux, culturels et économiques qui ne sont pas directement mesurés ici.

Ces résultats, en conjonction avec ceux du graphique précédent, renforcent l'idée d'une différence de genre dans la politisation cognitive.

Ce diagramme ci-dessus illustre le degré d'intérêt pour la politique exprimé par le père et la mère. Comme pour les diagrammes précédents, ces données semblent soutenir l'hypothèse d'une différence de genre en matière de politisation cognitive.

Les pères sont nettement plus susceptibles d'exprimer un intérêt significatif pour la politique ("beaucoup" ou "plutôt") avec respectivement 15,12% et 26,13%. En comparaison, les mères sont moins susceptibles d'exprimer un intérêt significatif pour la politique, avec seulement 7,34% et 15,77% respectivement.

Inversement, une proportion plus importante de mères (21,17%) déclare ne pas du tout être intéressée par la politique par rapport aux pères (9,50%). De plus, une plus grande proportion de mères (30,24%) déclare être "un peu" intéressée par la politique, ce qui pourrait indiquer une politisation cognitive moins marquée.

Ces tendances suggèrent que, dans cet échantillon, les pères sont généralement plus politisés que les mères, du moins en termes d'intérêt déclaré pour la politique. Cela renforce les constatations des diagrammes précédents, qui indiquaient également une différence de genre dans la politisation cognitive.

Les données présentées dans ce diagramme à barres offrent un aperçu précieux de la politisation cognitive des individus de l'échantillon. La politisation cognitive, qui se réfère à l'intérêt et à la connaissance des questions politiques, est souvent fortement influencée par l'exposition aux médias, et en particulier aux émissions politiques.

La majorité de l'échantillon semble afficher un certain degré de politisation cognitive, comme en témoigne la fréquence à laquelle ils regardent des émissions politiques. En fait, une large part de l'échantillon (27,43%) regarde des émissions politiques plusieurs fois par mois, et une proportion considérable (24,41%) le fait même plusieurs fois par semaine. Cela indique un engagement et un intérêt pour les questions politiques qui va au-delà d'une simple connaissance de base.

De plus, le fait que 12,74% des individus regardent des émissions politiques quotidiennement témoigne d'un niveau de politisation cognitive encore plus élevé. Ces individus peuvent être considérés comme fortement politisés, s'engageant activement dans le discours politique et se tenant constamment informés des débats en cours.

Néanmoins, une proportion notable d'individus (12,74%) déclare ne jamais regarder d'émissions politiques, ce qui suggère une faible politisation cognitive au sein de ce sous-groupe. En outre, 22,68% des individus regardent ces émissions moins d'une fois par mois, indiquant une politisation cognitive plus occasionnelle ou passive.

Ainsi, ces données mettent en évidence une diversité de niveaux de politisation cognitive au sein de l'échantillon, avec une tendance générale vers un engagement régulier avec le contenu politique. Cela confirme l'idée que l'échantillon de cette enquête est globalement politisé cognitivement.

Dans le cadre de notre étude portant sur la politisation cognitive, nous avons évalué la connaissance de nos participants en matière de personnalités politiques et leurs rôles respectifs. Les résultats démontrent une variabilité significative de la politisation cognitive, laquelle est manifestement fonction de la notoriété des personnalités politiques concernées.

Pap Ndiaye : Les données indiquent une familiarité notable avec Pap Ndiaye, puisque 75,38% des participants ont correctement identifié ce dernier comme Ministre de l'Éducation. Cette tendance souligne une politisation cognitive élevée en ce qui concerne ce personnage politique.

Bruno Le Maire : De manière similaire, 75,38% des participants ont correctement reconnu Bruno Le Maire comme Ministre de l'Économie. Cette constatation confirme une familiarité significative avec ce personnage politique.

Sébastien Lecornu : En revanche, la connaissance de Sébastien Lecornu est nettement moins répandue parmi les participants. Seulement 30,67% ont correctement identifié son rôle de Ministre des Armées, tandis que 50,54% n'ont pas su répondre à la question, illustrant une moindre politisation cognitive concernant ce personnage politique.

Apolline de Malherbe : Parmi les participants, 54,64% ont correctement identifié Apolline de Malherbe comme une figure publique sans responsabilités politiques, mettant en évidence une connaissance certaine des personnalités publiques non politiques.

Aymeric Caron : Les réponses concernant Aymeric Caron étaient particulièrement diversifiées. Alors que 47% des participants ont incorrectement identifié Caron comme député, 34,12% n'ont pas su répondre et 12,45% ont de manière erronée pensé qu'il n'avait pas de responsabilités politiques.

En définitive, ces résultats mettent en exergue la variabilité de la politisation cognitive parmi les participants de notre enquête. Les personnalités politiques occupant des postes importants, comme Pap Ndiaye et Bruno Le Maire, sont généralement mieux connues que celles avec des rôles moins proéminents ou sans implications politiques. De manière plus générale, parmi les cinq questions posées (chacune offrant six options de réponse), nous avons obtenu un taux de bonnes réponses de 56,6% contre 43,4% de mauvaises réponses. Ce ratio suggère que notre échantillon serait globalement plus politisé cognitivement que non, reflétant une familiarité certaine avec le paysage politique.

D'après le diagramme ci-dessus, une majorité substantielle de l'échantillon manifeste un intérêt pour la politique à différents niveaux. Près d'un tiers des répondants (29,37%) déclare un intérêt "beaucoup" pour la politique, tandis qu'un peu moins (28,73%) exprime un intérêt "plutôt" pour la politique. Ces données suggèrent un niveau élevé de politisation cognitive parmi ces individus, reflétant une compréhension et une connaissance approfondies des questions politiques.

Légèrement plus de 16% de l'échantillon indique un intérêt "un peu" pour la politique, ce qui peut être interprété comme une politisation cognitive modérée. De la même manière, ceux ayant déclaré un intérêt "moyennement" (15,55%) peuvent être perçus comme ayant une politisation cognitive de modérée à faible, indiquant une familiarité moins constante avec les questions politiques.

Seulement 9,5% de l'échantillon affirme ne pas être du tout intéressé par la politique, ce qui suggère un niveau de politisation cognitive très faible dans ce sous-groupe.

En définitive , ces résultats indiquent que l'échantillon est généralement assez politisé sur le plan cognitif, avec une majorité d'individus démontrant un certain degré de familiarité et de compréhension des questions politiques.

Analyse des Hypothèses: Statistiques Inférentielles

3.1 Influence des Revenus Parentaux

L'hypothèse proposée suggérait que le niveau de revenu parental pourrait influencer la politisation cognitive. En examinant l'intérêt politique des répondants en fonction du revenu parental, des tendances claires ont été mises en lumière. Les individus issus de familles à revenus plus élevés tendent à montrer un intérêt plus prononcé pour la politique. Par exemple, 42,1% des personnes dont le revenu parental est supérieur à 3000 euros ont déclaré un fort intérêt pour la politique. En comparaison, seulement 24,4% des individus dont le revenu parental est inférieur à 2000 euros ont montré un intérêt équivalent. De même, la fréquence du visionnage et de la lecture de contenus politiques était plus élevée chez les individus issus de familles à revenus plus élevés. Cependant, ces tendances ne démontrent pas nécessairement une causalité directe et d'autres facteurs, tels que l'éducation ou la socialisation, peuvent également jouer un rôle.


Tableau de revenus

3.2 Influence de la Socialisation Familiale

Dans cette section, nous nous concentrerons sur une deuxième de nos hypothèse, postulant que les différences observées en matière de politisation cognitive peuvent être attribuées à la socialisation politique au sein de la famille. Nous chercherons à explorer comment l'exposition à la politique et les discussions politiques en milieu familial peuvent influencer l’intérêt politique et la connaissance en matière de politique .



Synthèse et discussion : En adoptant une approche transversale et sociologique pour analyser les données recueillies, il apparaît clairement que l'intérêt politique de l'enfant est fortement influencé par l'intérêt politique des parents. Cette observation s'inscrit dans le cadre plus large de la socialisation politique, processus par lequel les attitudes et les préférences politiques sont transmises de génération en génération au sein de la famille.

Corrélation entre l'intérêt politique du père et de l'enfant : Les données indiquent une corrélation notable entre l'intérêt politique du père et celui de l'enfant. Lorsque le père manifeste un fort intérêt pour la politique, l'enfant tend également à démontrer un intérêt accru pour ce domaine. Cette corrélation s'atténue lorsque l'intérêt politique du père est moindre. Cela suggère que le père joue un rôle significatif dans le développement de l'intérêt politique de l'enfant, surtout quand son propre intérêt est élevé.

Corrélation entre l'intérêt politique de la mère et de l'enfant : De manière similaire, une corrélation existe entre l'intérêt politique de la mère et celui de l'enfant. Toutefois, cette corrélation est moins prononcée que celle observée avec le père, surtout lorsque l'intérêt politique de la mère est faible. Ceci pourrait indiquer que l'influence de la mère dans la socialisation politique de l'enfant est différente.

Du point de vue sociologique, ces résultats mettent en lumière l'importance de la socialisation familiale dans l'émergence de l'intérêt politique, impactant ainsi les variations de politisation cognitive. Ils réaffirment l'idée que la politique ne se limite pas à des individus isolés faisant des choix indépendants, mais qu'elle est profondément ancrée dans les structures sociales, y compris la famille. Néanmoins, l'influence relative du père et de la mère dans ce processus semble varier, suggérant l'impact potentiel d'autres facteurs tels que le genre, l'éducation, et les attitudes socioculturelles plus larges envers la politique.

En conclusion, nos analyses statistiques inférentielles soutiennent partiellement notre hypothèse : la socialisation politique au sein de la famille semble jouer un rôle dans les différences de politisation cognitive entre les individus. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre précisément les dynamiques et les mécanismes par lesquels cet intérêt politique est transmis et façonné.

3.3 Influence du Contexte d'Études

Le niveau d'intérêt politique, qui est une mesure de la politisation cognitive, varie selon la filière d'étude. Cette variation pourrait indiquer que le contexte d'étude joue un rôle dans le développement de la conscience politique et du désir d'appréhender les enjeux politiques.

Sciences et Technologie: Les étudiants de cette filière présentent un niveau d'intérêt politique élevé, ce qui pourrait être attribué à une pensée analytique et critique souvent requise dans ces domaines. Cependant, ce lien n'est pas nécessairement direct et pourrait être influencé par d'autres facteurs non pris en compte dans notre étude.

Santé: L'intérêt politique est plus modéré dans ce domaine. Cette situation pourrait être due à l'orientation spécifique de ces études, qui peuvent être perçues comme moins liées aux questions sociopolitiques.

Sciences Humaines et Sociales: Cette filière affiche un niveau d'intérêt politique assez élevé. Il est courant que les étudiants de ces disciplines soient plus enclins à développer un intérêt pour la politique, du fait de l'accent mis sur l'analyse des structures sociales et politiques.

Lettres, Langues, Art, Economie et Gestion, Droit et Sciences Politiques: Les étudiants de ces filières montrent aussi des niveaux élevés d'intérêt pour la politique. Les sujets abordés dans ces filières pourraient favoriser une sensibilisation accrue aux enjeux politiques.

Sans études: L'intérêt politique est modéré à faible parmi ceux qui n'ont pas fait d'études. Cela pourrait suggérer que l'accès à l'enseignement supérieur peut jouer un rôle dans le développement de la politisation cognitive.

Ainsi , ces observations semblent indiquer que le contexte d'étude peut influencer la politisation cognitive. Cependant, cette conclusion est partielle, car l'intérêt politique est réparti dans tout le spectre dans chaque filière, suggérant l'influence d'autres facteurs. Ces résultats démontrent la complexité de la politisation cognitive et soulignent l'importance d'une analyse plus approfondie pour comprendre les mécanismes précis qui sous-tendent ce processus.

3.4 Influence du Genre


L'hypothèse explorée dans cette section postulait que le genre pouvait être un vecteur influent dans la politisation cognitive. Pour évaluer cette proposition, nous avons scruté plusieurs indicateurs : l'intérêt déclaré pour la politique, l'exposition aux médias politiques, et les connaissances en matière politique.

L'analyse du degré d'intérêt pour la politique a révélé une tendance notable : un intérêt politique plus prononcé chez les hommes que chez les femmes. Plus précisément, 34% des hommes ont déclaré avoir beaucoup d'intérêt pour la politique contre seulement 21,8% des femmes. Cette distinction pourrait témoigner d'une plus grande sensibilité ou d'une plus grande réceptivité aux enjeux politiques parmi les hommes, suggérant une politisation cognitive plus marquée.

En ce qui concerne l'interaction avec les médias politiques, une différence significative est aussi observable entre hommes et femmes. Les hommes ont montré une plus grande propension à regarder et à lire du contenu politique. Par exemple, 51,4% des hommes regardent des émissions à caractère politique plusieurs fois par semaine ou tous les jours, contre seulement 22,4% des femmes. Cette divergence dans les pratiques médiatiques peut induire une plus grande familiarité avec les problématiques politiques chez les hommes, favorisant potentiellement leur politisation cognitive.

Enfin, la mesure des connaissances politiques a mis en lumière une autre différence entre hommes et femmes. Les hommes ont affiché un taux de bonnes réponses plus élevé aux questions politiques posées. Par exemple, 79,1% des hommes ont correctement identifié le poste de Pap Ndiaye contre 70,5% des femmes. Cette différence pourrait indiquer une plus grande aisance avec les acteurs et les structures politiques chez les hommes, ce qui pourrait contribuer à une politisation cognitive plus approfondie.

En définitive , les données analysées dans cette section semblent valider notre hypothèse : le genre influence bien la politisation cognitive. Néanmoins, il est crucial de souligner que ces résultats ne préjugent pas d'une causalité directe. D'autres facteurs, comme le milieu socio-économique, l'éducation, ou encore la personnalité individuelle, peuvent également jouer un rôle déterminant. Une exploration plus poussée serait nécessaire pour démêler les liens complexes entre genre et politisation cognitive.

Conclusion

Éclairage sur les Facteurs de Politisation Cognitive chez les Individus

4.1 Reprise des principaux résultats


Au cours de cette étude, nous nous sommes engagés dans une exploration systématique des facteurs qui pourraient influencer la politisation cognitive chez les individus. Plus précisément, nous avons examiné l'impact potentiel des revenus parentaux, de la socialisation familiale, du contexte d'études et du genre sur le niveau de politisation cognitive.

4.2 Réponse à la problématique

Nous avons découvert que les revenus parentaux influencent l'intérêt politique, avec une politisation cognitive plus élevée chez ceux issus de familles à revenus élevés. Les individus dont les parents manifestent un intérêt pour la politique sont également plus susceptibles de développer un intérêt politique. Le contexte d'études influence aussi la politisation cognitive, en particulier pour les étudiants en sciences humaines et sociales, ainsi que pour ceux en lettres, langues et arts. Enfin, une différence de politisation cognitive en fonction du genre a été observée, avec une politisation cognitive plus élevée chez les hommes que chez les femmes.


4.3 Intérêts et limites du travail réalisé

Notre travail, bien qu'important, n'est pas exempt de limites. La méthode de collecte des données par questionnaire présente des contraintes, notamment le biais potentiel lié à la subjectivité des répondants, leur compréhension des questions, ou leur volonté de donner une image positive d'eux-mêmes. De plus, notre analyse est limitée par le fait que les données sont basées sur des déclarations auto-rapportées et non sur des mesures objectives. Bien que notre analyse ait mis en évidence des corrélations, elle ne permet pas d'établir des relations de cause à effet. D'autres facteurs, tels que l'âge, la personnalité, l'expérience personnelle, ou le contexte socio-politique, peuvent également influencer la politisation cognitive et méritent d'être explorés.
Malgré ces limitations, notre travail offre un aperçu précieux des facteurs qui peuvent influencer la politisation cognitive chez les individus. Ces résultats pourraient aider à mieux comprendre comment les attitudes politiques se développent et évoluent, et pourraient éclairer les efforts visant à promouvoir l'engagement politique.
De plus, bien que notre analyse ait mis en évidence des corrélations, elle ne permet pas d'établir des relations de cause à effet. D'autres facteurs, tels que l'âge, la personnalité, l'expérience personnelle, ou le contexte socio-politique, peuvent également influencer la politisation cognitive et méritent d'être explorés.
Malgré ces limitations, notre travail offre un aperçu précieux des facteurs qui peuvent influencer la politisation cognitive chez les individus. Ces résultats pourraient aider à mieux comprendre comment les attitudes politiques se développent et évoluent, et pourraient éclairer les efforts visant à promouvoir l'engagement politique.

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Annexes

Le test du khi-deux est une méthode statistique utilisée pour évaluer si l'écart entre deux ensembles de données est significatif. Si la p-valeur obtenue est inférieure à 5%, on peut conclure à une différence significative entre les ensembles de données. Sinon, l'hypothèse nulle est acceptée.

Remerciements

Pour conclure ce rapport, il est essentiel d'exprimer notre plus profonde gratitude à deux enseignants et chercheurs exceptionnels, Monsieur Jean-Michel Wachsberger et Monsieur Fabien Torre, qui ont accompagné et guidé notre chemin tout au long de cette étude.

Monsieur Wachsberger, grâce à son expertise reconnue en Méthodologie du questionnaire, a su éclairer notre parcours. De son côté, Monsieur Torre, avec sa maîtrise des aspects complexes de l'informatique, a été notre boussole, nous guidant à travers les méandres de cet univers.

Leur disponibilité constante et leur soutien indéfectible ont été des piliers solides sur lesquels nous avons pu nous appuyer tout au long de cette année. Leur passion, leur dévouement et leur engagement ont non seulement rendu possible la réalisation de cette étude, mais ont également enrichi notre parcours universitaire de manière inestimable.

C'est donc avec une profonde reconnaissance que nous exprimons nos remerciements à ces deux universitaires éminents. Leur accompagnement a été un facteur déterminant dans la réussite de notre projet et nous a permis d'approfondir notre compréhension de la méthodologie d'enquête par questionnaire et de l'informatique. Quel que soit le chemin que prendra ma carrière future, je me souviendrai toujours avec gratitude de ce double apprentissage. Merci.