Pratique de la lecture

L'enquête

Nos hypothèses

Notre questionnaire est mis en œuvre pour répondre à notre interrogation sur la pratique de la lecture. Cependant pour répondre à cette question, il est important de nous interroger sur le contexte socio-économique dans lequel se déroule cette pratique de la lecture. Il est caractérisé par :

¤ D'abord une démocratisation scolaire, avec 80% d'une classe d'âge qui obtient le bac

¤ Ensuite par un contexte économique où le marché du livre est développé et accessible : par exemple le livre de poche

¤ Enfin par une politique publique en faveur de la lecture qui passe par le développement des bibliothèques

Ainsi, dans un contexte socio-économique particulier de démocratisation scolaire et culturelle, qui favoriserait une uniformisation de la pratique de la lecture, nous nous demandons malgré tout si cette pratique est socialement inégale, en terme principalement d'origine sociale et de niveau scolaire, c'est-à-dire : malgré des interventions (publiques et médiatiques) en faveur de la pratique de la lecture, existe-t-il toujours des inégalités en terme de pratique de la lecture et qu'elles sont-elles ?

A ce sujet, nous pouvons citer Pierre Bourdieu (si les références vous intéressent, nous vous invitons à consulter la bibliographie) :

" Parce que face au livre on doit savoir qu'il y a des lectures diverses, donc des compétences différentes, des instruments différents pour s'approprier cet objet, des instruments inégalement distribués, selon le texte, selon l'âge, selon essentiellement le rapport au système scolaire […]. Pour nos sociétés, le modèle est relativement simple. La lecture obéit aux mêmes lois que les autres pratiques culturelles, à la différence qu'elle est plus directement enseignée par le système scolaire, c'est-à-dire que le niveau d'instruction va être plus puissant dans le système des facteurs explicatifs, le deuxième étant l'origine sociale. Dans le cas de la lecture, le poids du niveau d'instruction est plus fort. Ainsi, quand on demande à quelqu'un son niveau d'instruction, on a déjà une prévision concernant ce qu'il lit, le nombre de livres qu'il a lus dans l'année, etc. On a une prévision concernant sa manière de lire. "

Les résultats

Les résultats de notre enquêtes sont de plusieurs ordres :
* la lecture en elle même
* la sociabilité de la lecture
* la procuration des livres par l’achat
* la procuration des livres par la bibliothèque
* les typologies de lecteurs

* La lecture en elle même

D’abord nous avons pu remarquer que la lecture est une activité pratiquée régulièrement par 20,36% d’individus de notre échantillon. Toutefois, elle est devancée par la télévision et les média en général. Les autres activités les plus pratiquées sont les rencontres (16.6%) et l’informatique (12.45%).
Parmi les genres de lectures les plus lus : les romans (21.07%) les magazines (14.61%) et la presse (13.64%) arrivent en tête, suivis plus loin par les œuvres de littérature classique et la poésie ( 11.44%) et les BD(8.89%). Ensuite, pour nos enquêtés, la lecture constitue un apport personnel, des nouvelles connaissances (33.93%) et un loisir ( 30.71%).
Il est aussi intéressant de noter le taux élevé des lectures obligatoires (80% environ), par exemple dans le cadre professionnel. Enfin, nous observons que les personnes interrogées ont tendance majoritairement à se procurer leurs livres en les achetant ( 60.27%) plutôt qu’en les empruntant à la bibliothèque ( 24.89%).

la valeur de la lecture
un apport 285 / 840 33.93 %
un loisir 258 / 840 30.71 %
une passion 175 / 840 20.83 %
un passe-temps 103 / 840 12.26 %
une chose ennuyante 19 / 840 2.26 %


taux de lectures obligatoires
oui 365 / 439 83.14 %
non 64 / 439 14.58 %
sans réponse 10 / 439 2.28 %


la tendance des individus à se procurer leurs livres
l'achat 264 / 438 60.27 %
l'emprunt à la bibliothèque 109 / 438 24.89 %
l'échange entre amis 45 / 438 10.27 %
les recevoir en cadeau 12 / 438 2.74 %
autre 8 / 438 1.83 %







* La sociabilité de la lecture

La sociabilité de la lecture se fait principalement avec les amis : 86.44% des Internautes déclarent parler de leurs lectures avec leurs amis. Ensuite, la famille détient également une place importante dans la sociabilité de la lecture avec 76.03% de « oui ». Les collègues de travail ont aussi un rôle non négligeable avec 51.79% de « oui ». De même, 24.36% des enquêtés disent parler de leurs lectures avec d’autres personnes, tel que sur des sites internet, dans des associations ou clubs de lectures . Ainsi, 8.90% d’individus de notre corpus font partie d’une association.

*La procuration des livres par l’achat

Comme nous avons pu le constater dans la première partie, l’achat des livres est le moyen privilégié par les individus pour se procurer des livres. Lors des deux derniers mois, 52.73% des Internautes ont déclaré avoir acheté entre un et cinq livres. De même, 19.77% en ont acheté de six à dix. Puis, il est intéressant de noter que 11.36% des personnes interrogées n’en ont pas acheté du tout : cela peut s’expliquer par le fait qu’une part d’entre eux préfère aller à la bibliothèque. Enfin, 10.68% ont acheté, lors des deux derniers mois, de onze à vingt-cinq livres.
L’achat des livres s’effectue généralement dans des magasins culturels : les grands magasins de livres du type Fnac (35.84%) et les librairies ( 33.11%). Aussi, lors de l’achat le choix du livre se fait d’abord par flânerie (42.82%) puis sur recommandation d’un autre lecteur ( 28.25%).

le lieu de l'achat
magasins de livres genre Fnac 157 / 438 35.84 %
les librairies 145 / 438 33.11 %
les grandes surfaces 30 / 438 6.85 %
par correspondance 22 / 438 5.02 %
par Internet 21 / 438 4.79 %
brocante 20 / 438 4.57 %
kiosque 15 / 438 3.42 %
pas d'achat de livres 15 / 438 3.42 %
autre 13 / 438 2.97 %


le choix du livre
par flanerie 188 / 439 42.82 %
choix du lecteur 124 / 439 28.25 %
sans réponse 53 / 439 12.07 %
par les media 52 / 439 11.85 %
choix imposé 15 / 439 3.42 %
les best seller 7 / 439 1.59 %







* La procuration des livres par la bibliothèque

D’abord, 62.27% des individus de notre corpus sont inscris à la bibliothèque ; Cependant, 35.32% déclarent ne jamais y aller. Ensuite suit 28.83% d’individus qui y vont une fois par mois . Puis, 19.27% déclarent y aller rarement . Enfin, les deux principaux avantages accordés à la bibliothèque sont : son côté pratique, à 30,93% et son côté économique , à 20,76%.

l'avantage de la bibliothèque
c'est pratique 219 / 708 30.93 %
c'est pas cher 147 / 708 20.76 %
aucun avantage 106 / 708 14.97 %
c'est accessible 105 / 708 14.83 %
le lieu est apprécié 98 / 708 13.84 %
autre 33 / 708 4.66 %







* Les typologies de lecteurs

Enfin, nous avons cherché à tracer les grands traits, une sorte de portrait qui caractériserait ce que nous pouvons appeler les " gros " des " faibles " lecteurs. Ainsi, à partir de nos données et de différents facteurs (nombre de livres lus et achetés, la fréquentation ou non d'une bibliothèque…), nous allons essayer de vous donner un profil d'un lecteur " faible " puis par opposition, un plus " gros ". Cependant, cette description n'est pas à prendre telle quelle, en effet elle est réalisée à partir de notre échantillon donc en certain décalage de la réalité. Cette catégorisation peut être nuancée, et peut-être que certains " gros " ou " faibles " lecteurs ne se retrouveront pas dans celle-ci…

· Un lecteur de type " faible " :

D'abord, du point de vue de sa lecture : au cours de l'année, soit il n'a pas lu de livre, soit entre un et cinq. De plus, en général sa lecture est périodique par opposition à une lecture régulière et il considère la lecture comme ennuyante ou comme un apport, un passe-temps, mais pas comme une passion. Puis, sa sociabilité de la lecture est moins développée que chez un " gros " lecteur (même si elle existe) ; à ce sujet nous pouvons remarquer qu'aucun de ces lecteurs ne participe à une association de lecture. Ensuite, il achète assez peu de livres : aucun ou pas plus de cinq. Enfin, sa fréquentation de la bibliothèque est assez faible : soit il n'est pas inscrit, soit il est inscrit et il n'y va pas ou très rarement.

En ce qui concerne les données sociales et démographiques, il est assez difficile de déterminer de ce point de vue, le profil d'une lecteur " faible " d'après notre échantillon. En effet, s'il est plus fréquemment un homme, le nombre d'hommes considérés comme " faibles " lecteurs est presque égal à celui des femmes. Ce sont majoritairement des jeunes de moins de trente ans. Et les diplômes de ces lecteurs sont en très grande majorité d'ordre scientifique ou technique, par contre du point de vue du niveau de diplôme il ne semble pas y avoir de réelle distinction. Enfin, au niveau de la profession des parents, elles sont toutes représentées parmi les " faibles " lecteurs, c'est-à-dire que ceux-ci viendraient de tous les milieux sociaux.

· Un " gros " lecteur :

Un " gros " lecteur pourrait être caractérisé par une lecture régulière, qui ferait partie de son quotidien. En général, il est inscrit à la bibliothèque, la fréquente ; il achète et lit aussi des livres en quantité importante. En général ces personnes ont un diplôme du deuxième cycle.

De plus, le " gros " lecteur est marqué par une grande sociabilité autour de la lecture : il en parle de façon importante autour de lui : sa famille, ses amis, ou encore des inconnus… Et comme le déclare Pierre Bourdieu, la pratique de la lecture des individus sera d'autant plus favorisée qu'il a la possibilité d'en parler autour de lui : avec sa famille, ses amis, ses collègues… De même, si l'individu fait partie d'une association en rapport avec la lecture, il aura d'autant plus de chance d'être un " gros " lecteur : en effet, adhérer à une association est un acte volontaire donc l'individu sera plus enclin à s'y impliquer, de plus cette association favorisera une importante sociabilité. Nous remarquons également qu'en général pour les lecteurs qui ne sont pas obligés de lire : ils lisent plus que la moyenne et considèrent plus facilement la lecture comme une passion, probablement parce que leur pratique repose sur un acte plus libre et donc plus volontaire.

Une brève réponse à nos hypothèses : Nous nous apercevons bien qu'il existe différentes pratiques de la lecture, avec des lecteurs plus ou moins impliqués face à la lecture : des gros, des moyens et des plus petits… Ces différentes pratiques vont pouvoir être déterminées à partir de critères comme la sociabilité autour de la lecture, le nombre de livres lus…

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